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de relâche, et que, pour les autres, selon que nous les trouvons tolérables ou non, nous sommes maîtres, ou de les supporter, ou de nous en délivrer en sortant de la vie comme d’un théâtre. Nous ne croyons donc point que ce soit pour elles-mêmes qu’on blâme la timidité et la faiblesse, ou qu’on loue l’intrépidité et la force ; mais on rejette les unes parce que la douleur en est inséparable, on estime les autres parce que la volupté les suit.

CHAPITRE XVI.

LES VERTUS ONT LEUR FIN DANS LE PLAISIR.

QUATRIÈME VERTU : LA JUSTICE.

Il reste à parler de la justice, et nous aurons parlé de toutes les vertus. Mais ce qui a été dit des trois autres convient encore à celle-ci ; et ce que j’ai déjà montré de la sagesse, de la tempérance et de la force d’âme, qu’elles étaient tellement jointes avec la volupté, qu’on ne les en pouvait séparer, il faut l’appliquer à la justice, qui non-seulement ne nuit à personne, mais qui toujours donne confiance et calme les esprits, et par elle-même, et par cette espérance qu’on ne manquera d’aucune des choses qu’une nature non corrompue peut désirer. De même que l’imprudence, le désir passionné et la lâcheté sans cesse tourmentent l’âme, sans cesse l’agitent et y apportent le trouble ; ainsi l’injustice, dès qu’elle réside dans l’esprit, par sa seule présence y met le trouble ;