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ANALYSE
DES
DEUX PREMIERS LIVRES DU DE FINIBUS[1].

Préambule.

Il existait dans la Rome lettrée deux partis entre lesquels on se divisait du temps de Cicéron : les uns, fidèles aux vieilles traditions romaines, rejetaient comme inutiles ou dédaignaient comme malséantes la philosophie et toute science spéculative ; les autres, partisans exclusifs des lettres grecques, voulaient qu’on apprît la philosophie, mais ils croyaient qu’on ne pouvait l’apprendre que chez les Grecs, et ils méprisaient toute traduction en langue latine des ouvrages grecs originaux.

C’est à ces deux partis que s’adresse à la fois Cicéron dans un assez long préambule : aux uns, il prouve l’utilité de la philosophie en général, et surtout de la morale ; aux autres, il montre qu’une traduction n’est

  1. On a souvent jugé avec beaucoup de sévérité l’exposition et la réfutation du système épicurien contenues dans les deux premiers livres du De Finibus. — L’exposition, dit-on, est infidèle ou au moins incomplète ; la réfutation est incomplète aussi et superficielle. — Il y a assurément du vrai dans ces reproches répétés par les commentateurs mêmes de Cicéron. Pourtant, nous croyons qu’il serait possible de retrouver, sons le désordre réel ou apparent du De Fibibus, et de restituer en son ensemble la morale d’Épicure, ainsi que les arguments subtils et souvent profonds par lesquels les stoïciens, les péripatéticiens et les académiciens y répondirent : c’est ce travail que nous avons essayé d’indiquer dans cette rapide analyse.