Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/39

Cette page n’a pas encore été corrigée
7
éloge de la littérature latine.

que les Grecs ont avancé, je marque ce que j’en pense, et que je donne un autre tour, un autre ordre à ce qu’ils ont dit, pourquoi préférera-t-on ce que les Grecs ont écrit[1] à ce qui ne manquera dans notre langue ni d’éclat ni de nouveauté ?

Si l’on prétend que toutes les matières ont été épuisées par les Grecs, pourquoi donc ceux-là même qui parlent de cette sorte, lisent-ils tant de différents auteurs grecs sur une même matière ? Chrysippe[2], par exemple, n’a rien oublié de ce qui se pouvait dire en faveur des stoïciens : cependant on lit là-dessus le stoïcien Diogène[3], Antipater[4], Mnésarque[5], Panétius[6], plusieurs autres, et surtout notre ami Posidonius[7]. Quoi ! Théophraste, traitant

    sophiques, et ses concitoyens avaient raison de le lui reprocher.

  1. Pourquoi préférera-t-on Aristote ou Platon à Cicéron ?
  2. Chrysippe, disciple de Cléanthe, qui était lui-même disciple et successeur de Zénon. C’est le philosophe de l’antiquité qui a le plus écrit. Cicéron a dû lui emprunter beaucoup dans le De finibus.
  3. Diogène le Babylonien fut disciple de Chrysippe. Du temps de la seconde guerre punique, les Athéniens l’envoyèrent à Rome avec Carnéade l’académicien et Critolaüs le péripatéticien.
  4. Antipater, disciple de ce Diogène, précepteur du vieux Caton, ou du moins son ami. (V. de Offic, iii.)
  5. Sur Mnésarque, disciple de Panétius, v. De Orat., I, xlv ; Acad., II, xcvi. On n’en sait que ce que Cicéron en a dit.
  6. Panétius, stoïcien, de Rhodes ; disciple d’Antipater, précepteur de Scipion. Cicéron l’admire ; il fait mieux, il le copie. Le De Officiis est une imitation du Περὶ τοῦ καθήκοντος, de Panétius.
  7. Posidonius d’Apamée, disciple de Panétius, ami et maître de Cicéron. On a conservé de lui un mot célèbre. V. Diogène Laërce, x, 3 : « Pompée, à son retour de Syrie, passant par Rhodes où était Posidonius, eut le dessein d’aller entendre un philosophe de cette réputation. « Etant venu à la porte de la maison, on lui défendit, contre la coutume ordinaire, de frapper : le portier, jeune homme, lui apprit que Posidonius était incommodé de la goutte ; mais cela ne put empêcher Pompée de rendre visite au philosophe. Après avoir été introduit, il lui témoigna quelle peine il ressentait de ne pouvoir l’entendra. — Vous le pouvez, reprit Posidonius ; et il ne sera pas dit qu’une douleur corporelle soit Cause qu’un aussi grand homme ait inutilement pris la peine de se rendre chez moi. Ensuite ce philosophe, dans son lit, commença à discourir avec gravité et éloquence sur ce principe : Qu’il n’y a de bon que ce qui est honnête. À diverses reprises, dans le moment où la douleur s’élançait avec plus de force : — Douleur, s’écriait-il, tu as beat faire ; quelque importune que tu sois, je n’avouerai jamais que tu sois un mal. — On