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Ariston, Hérille[1], ont été abandonnés. Les autres ont accordé leurs fins à leurs principes : Aristippe, la volupté ; Hiéronyme, l’absence de la douleur ; Carnéade, la jouissance des biens naturels.

Pour Épicure, qui fait de la volupté l’objet de nos premiers désirs, s’il voulait parler de celle d’Aristippe, il devait comme lui en faire le bien suprême ; et s’il voulait parler de celle d’Hiéronyme, il devait faire de cette sorte de volupté l’objet des premiers désirs.


1. Ariston, de Chio, fut quelque temps disciple de Zénon le stoïcien. Il croyait, comme Zénon, que tout est indifférent, hormis le vice et la vertu ; mais il se séparait de lui en ce qu’il n’admettait aucun degré de dignité (äka, àxaftix) entre les choses indifférentes, qui doivent demeurer telles, non-seulement pour la volonté (Boÿ}nots), mais même pour les tendances naturelles (Gsuxi xal agopuai) : il prenait le terme d’äftzsopia dans son sens absolu. Ariston est un des premiers qui ont comparé la vie à une comédie où peu importent les rôles qui sont donnés à chacun, pourvu qu’il les joue bien. (V. notre Manuel d’Épictète, p. 21). La dialectique des stoïciens ressemblait, selon lui, aux toiles d’araignées où on s’embarrasse sans profit. La seule science digne de ce nom, c’est la morale. (V. Dioc., LaAER., VII, 22.)

    toujours. » Ainsi l’homme est incertain par rapport à toutes choses, et cette incertitude universelle devient une indifférence universelle ; c’est dans cette indifférence à tout, dans la suspension de tout jugement que consiste le souverain bien : έποχή, άφασία, άρρεψία, άϰαταληψία.

  1. Hérille, de Chalcédoine, disciple de Zénon, qu’il abandonna plus tard, comme Ariston. Il mettait le souverain bien dans la science.