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SECONDE PARTIE DE LA CRITIQUE.

Théorie épicurienne des désirs.

Le souverain désirable.


CHAPITRE IX.

LES TROIS ESPÈCES DE DÉSIRS, D'APRÈS ÉPICURE.

Il faut donc éloigner la volupté, pour que la sagesse soit permise et dans les actions et dans les discours. Et s'il en est ainsi, pouvons-nous dire que la volupté, qui même n'est pas permise à table, soit le souverain bien de la vie ?

Mais d'où vient qu'Épicure parle de trois sortes de désirs : les uns, naturels et nécessaires ; les autres, naturels aussi, mais non nécessaires ; et les autres, ni nécessaires ni naturels ? C'est une division mal faite. II n'y a que deux genres de désirs, et il en fait trois : ce n'est pas là diviser, c'est rompre en pièces. Ceux qui ont appris les sciences qu'il méprise ont l'habitude de faire la division suivante : il y a deux sortes de désirs, les uns naturels, les autres nés d'une opinion vaine, et entre les naturels il y en a de nécessaires et de non nécessaires. C'est ainsi que sa division eût été bonne : car dans une division il est mal de confondre l'espèce avec le genre. Mais passons-lui cela, puisque la justesse des expressions n'est rien pour lui, et qu'il aime à tout confondre ; qu'il parle à sa mode, pourvu que, du moins, il pense bien. Je n'approuve pourtant pas trop, quoique je le souffre, qu'un philosophe propose de mettre des bornes aux passions. Peut-on en donner à la cupidité ? II faut la déraciner entièrement. Et peut-on avoir quelque convoitise qu'on ne soit justement blâmé