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montre à appeller les Lettres separément, aussi bien les Consonnes, que les Voyelles. Or les Consonnes ne sont appellées Consonnes, que parce qu’elles n’ont point de son toutes seules ; mais qu’elles doivent estre jointes avec des Voyelles & sonner avec elles. C’est donc se contredire soy-mesme, que de montrer à prononcer seuls des Carateres qu’on ne peut prononcer, que quand ils sont joints avec d’autres ; car en prononçant separément les Consonnes, & les faisant appeller aux enfans, on y joint toûjours une Voyelle, sçavoir e, qui n’est ny de la syllabe, ny du mot ; ce qui fait que le son des Lettres appellées, est tout different des Lettres assemblées ; ainsi apres que les enfans ont bien appellé l’une apres l’autre toutes les Lettres d’un mot, ils ne peuvent plus les prononcer assemblées dans ce mesme mot, parce que la confusion des sons differents trouble leurs oreilles & leur imagination. Par exemple : On fait appeller à un enfant ce mot, bon, lequel est composé de trois lettres, b, o, n, qu’on leur fait prononcer l’une apres l’autre. Or b, prononcé seul fait , o prononcé seul fait encore o, car c’est une Voyelle : mais n prononcée seule fait enne ; comment donc cét enfant comprendra-t’il que tous ces sons qu’on luy a fait prononcer separément, en appellant ces trois Lettres l’une apres l’autre, ne fassent que cét unique son, bon ? On luy a