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que ce soit, tout leur est barbare & nouveau, ils ne peuvent s’attacher qu’aux Caracteres & aux Combinaisons qu’on leur en montre ; ce qui fait qu’ils ne les retiennent qu’avec une extreme peine & un fort longtemps, durant lequel il faut les leur rebattre cent & cent fois, avant qu’ils s’en puissent ressouvenir une seule fois ; n’ayant rien à quoy se tenir, ny les mots, ny les choses, ny ce qu’ils entendent dire tous les jours.

Puis donc qu’il faut se servir de ce que les enfans sçavent déja, pour leur apprendre ce qu’ils ne sçavent pas, ce qui est une regle generale & sans exception aucune, pour tout ce qu’on veut leur montrer ; il seroit à propos de ne leur faire lire d’abord que des mots détachez de tout discours, dont ils connussent les choses, comme ceux qui sont de leur usage, du pain, un lict, une chambre, &c. Mais il faudroit leur avoir fait voir auparavant les Figures & les Caracteres de ces mots dans un Alphabet, en ne leur en faisant prononcer que les Voyelles & les Diphtongues seulement, & non les Consonnes, lesquelles il ne leur faut faire prononcer que dans les diverses Combinaisons qu’elles ont, avec les mesmes Voyelles, ou Diphtongues dans les syllabes & les mots.

Car on fait encore une autre faute dans la Methode commune d’apprendre à lire aux enfans, qui est la maniere dont on leur