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de peine & de travail, & qui au lieu de les soulager, les laissent accabler du poids mille difficultez inutiles : mais je croy au contraire, qu’il faut tellement les aider en tout ce que l’on peut, qu’on leur rende l’étude mesme, s’il est possible, plus agreable que le jeu & les divertissements.

La nature semble nous faire cette leçon, car elle ne commence jamais ses plus excellents ouvrages, par ce qu’il y a de plus parfait, où il faudroit trop de temps & de travail ; mais par ce qui est de plus imparfait, où il en faut moins. C’est ce progrez qu’on peut dire que Dieu mesme a observé dans la creation du Monde, dont le commencement n’estoit qu’une abisme & une masse informe, rudis, indigestaque moles. Et partant il faut que l’Art qui imite la Nature, ou plûtost qui n’est qu’une participation de la sagesse de Dieu, suive cette conduite dans l’instruction des enfans, pour les rendre parfaits dans les Sciences ; & elle leur sera d’autant plus utile, qu’ils la trouveront plus courte & plus aisée : car il y aura toûjours assez d’autres difficultez, soit de la part des choses, soit de la part de leur esprit, soit enfin de la part de leurs inclinations, ou aversions naturelles, sans que nous y en ajoûtions encore d’autres de nostre part, par la mauvaise maniere, dont nous nous prenons à les instruire.

Comment donc voudroit-on que les en-