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vincible pour les Livres & l’étude ; mais elle rend aussi les Maistres impatiens & fâcheux, parceque les uns & les autres s’ennuyent également de la peine & du temps, qu’ils y employent, ce qui va jusques à trois & quatre années ; mais il faut que les Maistres considerent, que s’ils ont de la peine à montrer, les enfans en ont incomparablement plus à apprendre ; ce qui doit estre un motif pour les rendre plus doux & plus patiens envers eux, en les faisant compatir à l’infirmité de cét âge. Car il ne faut pas qu’ils s’imaginent que ce qu’ils sçavent alors avec plaisir, les enfans le puissent apprendre sans peine ; mais il faut plutost qu’ils se resouviennent de leur enfance, & des difficultez qu’ils ont eu eux-mesmes à se rendre sçavants : ainsi ils s’accommoderont à la foiblesse de leurs Escoliers, & ne leur feront point d’autre peine, que celle dont ils ne peuvent absolument les dispenser : outre que la charité & la conscience les obligent en ce point à menager leur tendresse, en émoussant la pointe des épines qui se trouvent dans ces commencements, & à leur aplanir les chemins si rudes & si raboteux, par où on veut les faire marcher ; afin qu’ils puissent s’avancer dans cette longue & laborieuse carriere des Sciences avec quelque sorte de plaisir. Car je ne puis estre de l’opinion de ceux qui veulent que leurs Escoliers ne deviennent sçavants qu’à force