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AVERTISSEMENT.

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Nous n’avons rien à ajouter ici aux raisons générales qui ont été données dans la préface du premier volume des œuvres de Cicéron, pour justifier l’ordre chronologique dans lequel la correspondance de ce grand homme est publiée. Cet avertissement n’a pour objet que deux remarques de détail qui ne pouvaient y trouver place.

La première est relative à la manière dont les lettres sont datées, soit du mois, soit du jour même. Les habiles traducteurs de ce recueil ont tenu à reproduire littéralement le calendrier romain. Quoiqu’il suffise, pour s’y reconnaître, de consulter la comparaison, insérée au premier volume de Cicéron, du calendrier romain avec le nôtre, nous avons dû, pour la clarté, donner en tête des lettres, au bas desquelles se trouve la date romaine, la date correspondante dans notre calendrier. C’est un soin de détail dont nous sauront gré le grand nombre de ceux qui ont peine à s’accoutumer à ces dates scientifiques, dont la comparaison avec les dates modernes est elle-même une science. C’est d’ailleurs un supplément de traduction nécessaire pour tous ceux qui ont le tort très-excusable d’ignorer le calendrier romain.

Au reste, le scrupule des traducteurs n’a été rien moins que superstitieux. Un exemple le fera sentir : on sait que les mois de juillet et d’août s’appelaient Quintilis et Sextilis, avant que l’admiration ou la flatterie les nommât, le premier, Juillet, du nom de Jules César, et le second, Août, du nom d’Auguste. Or, n’y a-t-il pas une sorte d’anachronisme, dans un recueil de lettres dont les dernières seulement sont postérieures à la nouvelle dénomination de juillet et qui toutes sont antérieures à la dénomination d’août, à se servir d’une manière de dater en quelque sorte injurieuse au vieux républicain, complice, au moins d’intention, de l’assassinat de César, et qui devait être lui-même assassiné par la complicité d’Auguste avec Antoine ? Cet anachronisme est d’autant plus sensible que Cicéron lui-même, dans deux ou trois lettres, s’indigne éloquemment de ces Nones juliennes, substituées par Antoine aux Nones quintiliennes, et qui remplacent l’ère républicaine par l’ère de la tyrannie. Ce n’est donc pas sans faire une sorte de violence aux traducteurs, qu’à l’exemple de toutes les traductions précédentes, nous nous sommes servis des noms de juillet et d’août, ceux de quintilis et sextilis, n’offrant pas un sens clair en