Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée
74
CICÉRON.

nos entretiens ; Je me chargerai volontiers de les rédiger par écrit ; car mon loisir, quelle que soit la raison qui m’en procure, peut-il être mieux employé ? Et comme c’est notre ami Brutus, qui m’a non-seulement engagé, mais en quelque manière provoque à écrire sur des matières philosophiques, il est juste de lui dédier aussi ces cinq traités. Je ne saurais dire quel fruit en retireront les autres. Pour moi, dans les plus cruelles situations de ma vie, et dans les divers chagrins qui m’environnent de toutes parts, je n’ai trouvé que cette seule consolation.



NOTES DES TUSCULANES.
Séparateur
LIVRE TROISIÈME.

IV. « Tout ce qui est compris entre crochets a été omis dans la traduction de Bouhier. »

VIII. Veri etiam simile illud est. Ce passage est singulièrement abrégé par Bouhier ; en voici la traduction complète : « Ajoutons un raisonnement où me conduit le caractère de l’homme modéré que les Grecs nomment σωφρων, et de la vertu qu’ils nomment σωφροσύνη, et que j’appelle tantôt tempérance, tantôt modération, quelquefois même modestie ; mais je ne sais trop m l’on peut donner à cette vertu le nom de frugalitas, car l’expression usitée Chez les Grecs a une portée moins étendue ; ils appellent les hommes de bien (homines frugi) χρησίμους, c’est-à-dire seulement des hommes utiles ; cependant la vertu dont nous parlons s’étend bien davantage, elle comprend toute retenue, toute disposition ferme à ne pas nuire (disposition qui n’a point dans la langue grecque d’expression consacrée, mais que l’on pourrait nommer ἀϐάβεια, car elle porte l’esprit à ne nuire en aucun temps à personne) ; en un moi, la frugalité, telle que nous l’entendons, comprend toutes les autres vertus. »

Cui contrariumvitium nequitia… ex qao idem nihil dicilur. Phrase négligée par Bouhier. « Le viceoppo : cetl s vertu, c’est la méchanceté, nequitia. Frugalitas vient, je crois, de fruge, qui est ce que la terre produit de meilleur. Nequitia (l’étymologie est peut-être un peu forcée, mais essayons toujours ; si elle ne vaut rien, mettons que nous n’avons rien fait), nequitia veut due qu’il n’y a rien absolument {nequidquam) dans un tel homme, que nous appelons aussi un homme de rien. »

IX. Apud Homerum Achilles queritur. Dans l’Iliade, IX, v. 642.

Non dixi invidiam, quœ tumest. La fin du chapitre a été presque entièrement négligée par Bouhier : « Si le chagrin pouvait attaquer le sage, il en serait de même de la pitié et de l’envie, invidentia. Je ne dis pas invidia, qui signifie aussi que l’on est envié ; mais on peut très-bien à’invidendo former le mot invidentia pour éviter l’équivoque d’invidia ; l’envie proprement dite signifie donc que l’on regarde trop fixement le bonheur d’autrui. Ainsi dans Ménalippe :

« Quel mortel m’a envié la fleur de mes enfants », invidit florem ?

La phrase paraît peu latine ; cependant Allicus a parfaitement dit L’usage icia prévalu contre la raison ; mais le poète a usé d’une licence qui lui appartenait, et il s’est exprimé hardiment »

X. Ut Theophrastus interitum deplorans Callistheni. Théophraste ayant appris le sort déplorable de Callisthène, qu’Alexandre le Grand avait fait mourir, fil sur ce sujet un livre qu’il intitula Callisthène, et c’est de cet ouvrage que parle Cicéron. Bouh.

Itaque prœclare nostri. Cette phrase et les suivantes jusqu’à doloris hujus ont été omises par Bouhier. — « C’est pourquoi je trouve que nos pères ont eu parfaitement raison, ici comme en bien d’autres endroits, de nommer la tristesse, les soucis, les angoisses, des infirmités, œgritudinem, à cause de leur analogie avec les infirmités du corps. Les Grecs donnent un nom a peu près semblable à toutes les affections qui troublent l’âme ; ils appellent πάθος, c’est-à-dire maladie, tous les mouvements désordonnés de l’esprit. Notre langage est mieux fait. Le chagrin met dans l’âme une souffrance que l’on peut comparer aux infirmités du corps ; mais véritablement on n’y peut comparer ni le désir immodéré, ni la joie désordonnée, cette saillie imprudente d’un esprit hors de soi. La crainte elle-même qui touche par tant de points au chagrin n’est pas tout à fait semblable à la maladie ; mais c’est avec beaucoup de justesse que l’infirmité du corps {œgrotatio), et le chagrin de l’esprit (œgritudo), sont exprimés par des mots qui emportent l’idée de la souffrance. »

XII. Qualis enim libi ille. Thyeste. Ces vers sont tirés du Thyeste d’Ennius.

Œnomaorege Hippodamiam. Œnomaüs, roi de Pise, dans le Péloponèse, avait une fille d’une grande beauté, nommée Hippodamie. Il ne voulait pas la marier à cause d’un oracle qui lui avait prédit qu’il périrait par les mains de son gendre. Cependant, cachant son dessein, il avait déclaré qu’il donnerait sa fille à celui qui pourrait le vaincre dans unecoursc de chevaux, se fiant sur l’extrême agilité des Siens. En effet, ayant vaincu plusieurs prétendants, il les avait tous fait mourir et avait fait planter leurs lôtes sur la porte de son palais. Mais Pélops ayant trouvé le moyen de gagner celui qui conduisait le char d’Œnomaus, et les roues de ce char s’étant renversées, Œnomaus fut tué, et