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vu. Mais qu’avez-vous donc dit tout à l’heure, que ce lieu dont vous m’avez appris que le nom est Arpinum , est à tous deux votre vraie patrie ? Est-ce donc que vous avez deux patries ? en avez-vous une autre que la patrie commune ? ou peut-être que celle de Caton le sage n’a pas été Rome , mais Tusculum. — Marc. Certainement ; pour lui comme pour tous les citoyens des villes municipales, je reconnais deux patries, celle de la nature et celle de la cité. Ainsi Caton 5 qui était né à Tusculum , fut agrégé citoyen de Rome ; etTusculan par l’origine, Romain par la cité, il eut une patrie de fait et une patrie de droit. De même chez vos Athéniens : lorsque Thésée leur eut fait quitter les champs pour les réunir dans la ville, dans YAstu, comme on l’appelle, ceux qui étaient de Sunium étaient aussi d’Athènes. Ainsi nous , nous nommons patrie celle où nous sommes nés et celle qui nous adopta ; mais il faut donner le premier rang dans notre amour à celle dont le nom , devenu celui de la république, renferme tous les citoyens. C’est pour elle que nous devons mourir, à elle que nous devons nous dévouer tout entiers , en elle que nous devons placer et consacrer, pour ainsi dire, tout ce qui est à nous. Il n’en est pas moins vrai que nous aimons presque autant la patrie qui nous fit naître ; et voilà pourquoi je ne renierai jamais ma patrie d’Arpinum , quoique l’autre soit plus grande et la contienne dans son sein.

III. Att. C’est donc avec raison que notre grand Pompée , lorsque je l’entendis plaider avec vous pour fialbus, soutint que la république pouvait rendre de très-justes actions de grâces à ce municipe, puisque ses deux sauveurs en étaient sortis ; et je crois maintenant sans peine que le lieu de votre origine est aussi votre patrie. — Quint. Mais nous voici dans l’île. Peut-on trouver un plus beau lieu ? Comme cette pointe partage le Fibrène, dont les eaux, également divisées, arrosent ses deux bords, et qui dans son cours rapide, pressé de revenir en un seul lit, n’embrasse qu’un espace suffisant pour une petite palestre ! Ensuite, comme s’il n’avait eu d’autre soin que de nous faire une arène propre à la dispute, il se précipite aussitôt dans le Liris. Là , tel qu’un plébéien entré dans une famille noble, il perd son nom plus obscur, et communique au Liris sa fraîcheur ; car moi, qui ai visité bien des rivières, jamais je n’en ai touché de plus froide ; et je pourrais à peine essayer d’y mettre le pied , comme fait Socrate dans le Phédrus de Platon. — Marc. Oui, ce lieu doit nous plaire ; mais si j’en crois, Titus, les récits de mon frère, votre Thyamis en Épire ne lui cède en rien. — Quint. Non, sans doute ; et n’allez pas croire qu’il y ait rien de plus beau que l’Amalthée de notre Atticus et ses superbes platanes. Mais, s’il vous plaît, asseyons-nous ici à l’ombre, et revenons à notre discussion. — Marc Vous êtes exigeant, Quintus. Moi qui croyais avoir échappé : on ne peut rien vous devoir. — Quint. Commencez donc ; car nous vous consacrons toute cette journée.

Marc. C’est par toi, Jupiter, que ma muse commence, comme au début de mon poème d’Aratus. — Quint. Pourquoi ce début ? — Marc. C’est que , cette fois encore, nous ne saurions mieux commencer que par Jupiter et les autres Dieux im-


nabula panne mea tihi ostendisse. — Att. Equidem nie cognosse admodum gaudeo. Sed illud tamen quale est , quod paullo ante dixisti ; hune locum (idem ego te accipio dicere Arpinum) germanam patriam esse vestram ? Ntimquid duas habetis patrias ? an est una illa patria comiiuinis ?

nisi forte sapienli ï 11 i Catoni fuit patria non P. orna , 

sed Tusculum. — Marc. Ego meliercule et illi, et omnibus municipibus duas esse censeo patrias , unamnaturae, alteram civitatis : ut ille Cato, quum esset Tusculi natus, in populi romani civitatem susceplus est. llaque, quum ortu Tusculanus esset, civilate Romanus, babuit alteram loc ! patriam , alteram juris. Ut vestri Attici , postquam i Theseus eos demigrare ex agris, et in Astu, quod appellatur, omnes se conf’erre jussit, et Sunii erant iidem et Attici : sic nos et eam patriam dicimus , ubi nati , et illam , qua excepli sumus. Sed necesse est, caritate eam prœstare, qua reipublicaî nomen universœ civitatis est ; pro qua mori , et cui nos totos dedere , et in qua nostra omnia poncre et quasi conseciare debemus. Dulcis autem non multo secus est ea, quœ genuil, quam illa, qua ; excepit. Itaque ego banc meam esse patriam prorsus nunquam negabo, dum illa sit major, et h.vc in ea contineatur. III. Att. Recte igilnr Magnus ille noster, me audiente, posuit in jtidicio, quum pro Ralbo tecum simul diceret, rempublicam nostram justissimas huic munitipio gratia^ agereposse, quod exeo duo sui conservatoi es exstilissent : ut jam videar adduci, liane quoque, quae te procreavit, esse patriam tuam. — Quint. Sed ventum in insulam est. Hac vero nibil est amœnius. Ut enim hoc quasi rostrofinditur Fibrenus, et divisus œqualiter in duas partes latera haxalluit, rapideque dilapsus cilo in imum confluit, et tantnm complectitur, quod salis sit modicae palœstme, loci ! Quo effecto, tanquam id babuerit operis ac muncris, ut hanc’nobis efliceret sedem ad disputandum, statim précipitât in Lirem ; et, quasi in familiam patriciam venerit, amittit nomen obscurius, Liremque multo gelidiorem facit. Nec enim ullum hoc frigidius flumen attigi, quum ad multa accesserim, ut vix pede tentare id possim ; quod in Phaedro Platonis facit Socrates. — Marc. Est vero ita : sed tamen huic amœnitati, quam ex Quinto saepe audio, Thyamis Epirotes tuus ille nibil opinor, concesserit. — Quint. Est ita, ut dicis : cave enim putes Attici nostri Amallheo, platanisque illis quidquamesse praeclarius. Sed, si videtur,considamus hic in timbra, atqueadeam partem sermonis, ex qua egressi sumus, revertamnr. — Marc. Piteclareexigis, Quinte (at ego effugisse arbitrabar), et tibi bornm nihil deberi potest. — Quint. Ordire igitur : nam hune tibi totum dicamus diem.

Marc. A Jovemusarum primordia sicut in Arateo carminé orsi sumus. — Quint. Quorsum