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CICÉRON.

angoisse, deuil, désolation, chagrin, douleur, lamentation, souci, ennui, souffrance, desespoir. On range sous la crainte, la paresse, la honte, l’épouvante, la peur, l’effroi, le saisissement, le trouble, la timidité, ^vec la joie, on met la malignité, la sensualité, la vanité, et ainsi du reste. Avec la cupidité, lacolère, l’emportement, la haine, l’inimitié, la discorde, l’avidité, le désir, et les autres mouvements de eette nature. VIII. Toutes ees différentes espèces ont chacune leur définition propre. On appelle Envie, la tristesse que nous cause le bonheur d’autrui, et un bonheur qui ne nous nuit en rien : car, s’il nous Duisait, ce ne serait plus envie. Agamemnon, lorsqu’il souffrait avec peine la prospérité d’Hector, n’était point envieux. Mais l’homme vraiment envieux, c’est celui qui, sans trouver son préjudice dans le bonheur d’autrui, ne laisse — de s’en affliger. On appelle basse jalousie, la tristesse qui naît en nous, ou de ce qu’un autre possède un bien après lequel nous avons inutilement soupiré ; ou de ce qu’il jouit comme nous d’un bien dont nous voudrions jouir seuls. 11 v a une noble jalousie qui nous rend les emulateurs de la vertu que nous admirons dans autrui : mais ce n’est pas de quoi il s’agit à présent. On appelle pitié, la tristesse, que nous inspire le malheur d’une personne qui souffre, mais sans l’avoir mérité : car le supplice d’un traître ou d’un parricide n’émeut point la pitié. On appelle angoisse, une tristesse qui nous suffoque une tristesse qui nous déchire : lamentation, une tristesse qui éclate par des gémissements : souci, une tristesse qui rend morne et rêveur : ennui, une tristesse continue : souffrance, une tristesse causée par des maux corporels : désespoir, une tristesse avec laquelle il ne subsiste aucune espérance d’un meilleur sort. Passons aux espèces, dont la crainte est le genre. On définit la paresse, une. crainte du travail qui nous attend. On définit la honte et l’épouvante, une crainte qui frappe avec violence : et en effet, comme la honte fait qu’on rougit, l’épouvante fait qu’on pâlit, qu’on frissonne, que les dents craquent. On définit la peur, une crainte de quelque mal qui menace de près : l’effroi, une crainte qui fait sortir l’âme de son assiette : le saisissement, une crainte qui suit, ou qui accompagne l’effroi : le trouble, une crainte qui fait oublier ce qu’on avait dans l’esprit : la timidité, une crainte habituelle.

IX. A l’égard de la. folle joie, elle renferme la malignité, la sensualité, et la vanité. Par malignité, les Stoïciens entendent le plaisir qui résulte du mal d’autrui, sans qu’il en revienne aucune utilité a celui qui s’en réjouit. Par sensualité ^ ils entendent les plaisirs de l’ouïe, de la vue, du goût, du toucher, de l’odorat : tous plaisirs de même nature, et qui sont comme des liqueurs délicieuses, dont l’âme est abreuvée. Par vanité, ils entendent le plaisir que l’on sent à se montrer par de beaux dehors, et à se donnei deuil, une tristesse causée par la cruelle mort ; pour plus qu’on ne vaut. Pour les différentes d’une personne qui nous était chère : désola— espèces de la cupidité, ils les définissent ainsi : tion, une tristesse accompagnée de larmes : la colère, une envie de punir la personne par chagrin, une tristesse accablante : douleur,’■ qui nous nous croyons offensés : l’emportement,