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TUSCULANES, LIV. IV.

ges dans sa lettre à Tubéron, est l’ouvrage d’un pythagoricien. Je pourrais enfin montrer, que plusieurs de nos sages coutumes nous sont venues de là ; s’il n’était plus à propos de ne point laisser voir que des choses qui passent pour venir de nous originairement, nous les avons empruntées. Revenons au progrès que les sciences ont fait parmi nous. Combien nous avons eu de grands poètes ! Combien d’orateurs ! Et dans combien peu de temps ! Preuve évidente, que rien n’a été difficile à nos Romains, du moment qu’ils ont voulu s’y appliquer. J’ai parlé ailleurs, et souvent, de toutes les autres études : j’en parlerai encore, quand il faudra.

III. Mais pour la philosophie, qui est l’étude de la sagesse, quoiqu’elle ne soit pas nouvelle parmi nous, j’aurais peine cependant à vous trouver dans Rome le nom d’un philosophe, avant le temps de Scipion et de Lélius. Ils étaient fort jeunes, lorsque Athènes députa vers notre sénat Diogène et Carnéade, celui-ci Académicien, né à Cyrène ; celui-là Stoïcien, né à Babylone. Or quelle apparence qu’on les eût tirés de leurs écoles pour une telle ambassade, eux qui n’avaient jamais eu de part au gouvernement d’Athènes, si dès lors quelques-uns de nos principaux sénateurs n’avaient pas été dans le goût de la philosophie ?

Mais, plus curieux d’instruire par leurs exemples que par leurs écrits, nos pères n’ont rien laissé sur le plus important de tous les arts, qui est celui de bien vivre ; quoiqu’il nous reste d’eux beaucoup d’ouvrages en tout autre genre, droit civil, éloquence, histoire. Jusqu’à présent donc notre langue ne nous fournit point ou presque point de lumières sur cette véritable, sur cette belle philosophie que Socrate mit au jour, et qui s’est perpétuée, tant parmi les Péripatéticiens que parmi les Stoïciens, dont les controverses nées de ce qu’ils s’expriment différemment, sont discutées par les Académiciens. Jusqu’à présent dis-je, nos Romains ont peu écrit sur cette partie de la philosophie, soit qu’ils aient été trop occupés d’ailleurs, soit qu’ils n’aient pas cru qu’elle pût être bien reçue d’un peuple ignorant. Pendant qu’ils ont gardé le silence sur ce sujet, il s’est élevé un certain Amasinius, qui a débité la doctrine d’Épicure. Tout le monde l’a embrassée avec vivacité : ou parce qu’il était bien facile de l’apprendre ; ou parce que les charmes de la volupté y portaient ; ou peut-être aussi parce qu’on n’avait rien encore publié de meilleur en matière de philosophie. Une foule d’écrivains ont marché sur les traces d’Amasinius ; ils ont inondé de leurs ouvrages toute l’Italie ; et au lieu de conclure que leur doctrine étant ainsi à la portée et au goût de l’ignorance, elle n’a donc rien de bien recherché, ils prétendent que c’est au contraire ce qui en fait le mérite.

IV. Permis à chacun de penser comme il veut, et de tenir bon pour son parti. Quant à moi, selon ma coutume, ne m’attachant servilement au système d’aucune secte particulière, je chercherai toujours à voir sur quelque matière que ce soit, de quel côté se trouve le vraisemblable. Je l’ai cherché plusieurs fois avec soin, et surtout depuis peu dans mes Conférences de Tusculum. Vous savez ce qui fut dit les trois premiers jours ; il s’agit présentement du quatrième. Quand nous fûmes descendus dans mon académie, comme nous avions fait les jours précédents, j’ouvris le discours. C. Quelqu’un veut-il dire sur quoi il souhaite que la dispute roule aujourd’hui ? L’a.

etiam sunt in nostris institulis ducfa ab illis : qnœ preetereo, ne ea, quae peperisse ipsi putamur, aliunde didicisse videamur. Sed, ut ad propositum redeat oratio, quam brevi tempore, quot el quanti poetre, qui autcm oratores exstiterunt ? facile ut appareat, nostros omnia consequi pofuisse, simul ut velle cœpissent. Sed de cseteris studiis alio loco, et dicemus, si usus fueiït, et saq>e diximus. III. Sapientiœ sludium vêtus id quidem in nostris : sed tarnen ante Ladii a ?talem et Scipionis non reperio quos appellare possim nominatim : quibus adolescentibus Stoicum Diogenem et Academicum Carneadem video ad Senatum ab Atheniensibus missos esse legatos. Qui cum reipublicae nullam unquam partem attigissent ; essetque eorum aller Cyrenœus, alter Babylonius ; nunquain profecto scholis essent excitati, neque ad illud nuinus elecli ; nisi in quibusdain principibus, temporibus illis, fuissent sludia dotlrina ; : qui, cum caetera literis mandarenl, alii jus civile, alii orationes suas, alii monumenta majorum ; liane amplissimam omnium arlium bene Vivendi disciplinam vita inagis, quam literis, persecuti sunt. Itaque illius verse elegantisque philosophise (quœ ducta a Socrate in Peripaleticis adliuc permansit, et idem alio modo dicentibus Moicis, cum Academici eorum controversias disceptarenl) nnlla fere sunt, aut pauca admodum Latina monumenta : sive propter magnitudinem rerum, occupationemque hominum, sive etiam quod imperitis ea proban posse non arbitrabantur. Cum intérim, illis silentibus, C. Amafmius exstitildicens ; cujus libris editis commota multitudo contulit se ad eamdem potissimum disciplinam : sive quod erat cognitu perfacilis, sive quod invitabatur illecebris bland.ne voluptatis ; sive etiam quia nibil prolatum erat melius, illud quod erat, tenebant. Post Amafinium autem, multi ejusdem semuli rationis multa cum scripsissent, Ilaliam totam occupaverunt : quodque maximum argumentum est non dici illa subtiliter, quod et facile ediscantur, et ab indoctis probentur, id i II i firmamentum esse disciplina ? putant.

IV. Sed defendat quod quisque sentit : sunt enim judicia libéra : nos institutum tenebimus ; nullisque unius disciplina ? legibus adstricti, quibus in philosopbia necessario pareainus, quid sit in quaque re maxime probabile, semper requiremus. Quod cmn sœpe alias, tum nuper in Tusculano studiose egimus. Itaque expositis tiidui disputationibus, quartus dies boc libro concluditur. Ut enim in inferiorem ambulalionem descendimus, quod feceramus idem superioribus diebus, sic acta rcs est. M. Dicat,