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sur la scène. Saint Augustin, de Civil. Dei, ii, 9.

XI. Cicéron dit que la comédie est l’imitation de la vie, le miroir des mœurs, l’image de la vérité. Donat, de com. et trag. Dans le même livre de la République, on rapporte que chez les Athéniens, Eschine, un de leurs orateurs, après avoir joué des tragédies pendant sa jeunesse, prit part au gouvernement de la république ; et qu’un autre acteur tragique, Aristodème, fut envoyé souvent près de Philippe, pour traiter avec lui, au nom d’Athènes, les importantes questions de paix et de guerre. Saint Augustin, de Civit. Dei, ii, 10.


LIVRE CINQUIÈME

I. Ce ne serait pas assez de dire qu’à cette époque la société romaine était pleine de désordres et de corruption, il faut convenir qu’il n’y avait plus de société à Rome. C’est ce que prouvent les principes établis alors dans un entretien sur la république, et soutenus par les plus grands citoyens de ce temps ; c’est ce dont Tullius lui-même fait l’aveu au commencement du cinquième livre de son ouvrage, parlant en son propre nom, et sans recourir au manteau de Scipion ou d’un autre. Il cite d’abord ce vers du poëte Ennius : « Ce sont les anciennes mœurs et les héros qui font la grandeur de Rome. » Ce vers, dit-il, par sa brièveté et son étonnante justesse, me semble comme un oracle des Dieux. Car nos grands hommes sans les mœurs antiques, et nos mœurs sans de tels hommes, n’auraient pu fonder et maintenir si longtemps avec tant de gloire et de justice un si prodigieux empire. Aussi, avant notre âge, voyait-on les sages traditions de nos pères former les hommes excellents, et ces grands hommes, à leur tour, consolider les anciennes mœurs et les institutions des aïeux. Notre siècle, au contraire, après avoir reçu la république comme un tableau admirable, mais à demi effacé par l’injure des temps, non-seulement a négligé de lui rendre son premier éclat, mais n’a pas même pris le soin d’en conserver les lignes qui paraissaient encore, et d’en sauver les derniers vestiges. Que reste-t-il de ces anciennes mœurs qui faisaient, suivant Ennius, la grandeur de Rome ? Elles sont tellement plongées dans l’oubli, que, bien loin de les pratiquer, personne ne les connaît plus parmi nous. Que dirai-je des hommes ? Mais si les mœurs ont péri, c’est que les hommes leur ont manqué. Nous assistons à une grande ruine, et ce n’est pas assez d’en montrer les causes, la patrie nous en demande compte à nous-mêmes, et nous devons répondre devant elle à cette accusation capitale. Ce sont nos fautes et non pas nos malheurs qui ont anéanti cette république dont le nom seul subsiste encore. » Voilà l’aveu qui échappe à Cicéron, longtemps, il est vrai, après la mort de l’Africain, dont il fait le principal personnage de ses dialogues sur la République. Saint Augustin, de Civil. D., ii, 2l.

II…… Rien de plus royal que d’expliquer la justice aux hommes, que de leur donner l’interprétation de leurs droits ; aussi les particuliers venaient-ils toujours se soumettre au jugement des rois. C’est pour cette raison que l’on réservait au milieu de l’État des champs, des bois, des