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se gouverner soient tenus d’obéir. Nonius, ii, 313.

XXVI. Si vous savez, dit Carnéade, qu’il y ait un serpent caché en quelque endroit où va s’asseoir, sans y prendre garde, un homme à la mort duquel vous gagneriez, vous agirez eu malhonnête homme si vous ne l’avertissez pas du danger qu’il court ; toutefois c’est impunément que vous garderiez le silence, car qui pourrait vous convaincre d’avoir connu le danger ? Mais nous en avons assez dit pour montrer évidemment que si l’équité, la bonne foi, la justice ne viennent pas d’une impulsion naturelle et ne sont inspirées que par l’égoïsme, il n’est pas dans le monde un seul homme de bien. C’est d’ailleurs un sujet que nous avons fait traiter longuement par Lélius dans nos livres de la République. Cicéron, de Fin. n, 18. Si, comme vous le remarquez vous-même, nous avons eu raison de dire dans ces livres que rien n’est bien que ce qui est honnête, rien n’est mal que ce qui est honteux…… Cicéron, à Att., x, 4.

XXVII. Je vois avec grand plaisir que vous regardiez l’amour d’un père pour ses enfants comme inspiré par la nature. Il faut avouer que, si cet amour n’existait pas, les hommes seraient tous étrangers les uns aux autres ; et s’il n’y a plus de liens entre les hommes, que devient la société ? Mes enfants, dira Carnéade Je leur souhaite bonne fortune ! Carnéade, êtes-vous donc un homme ? Cependant j’aime encore mieux votre langage que celui de Lucius et de Patron qui rapportent tout à eux-mêmes, et déclarent qu’ils ne remueraient pas le bout du doigt pour le service d’un autre : honnêtes gens qui se figurent qu’on est homme de bien quand on évite tous les maux, et non pas quand on fait ce qui de sa nature est droit, et qui ne veulent pas comprendre que c’est de l’homme habile qu’ils nous parlent, et non de l’homme de bien ! Mais je crois avoir expliqué tout ceci dans mes livres de la République : il est vrai, mon ami, qu’en les louant vous avez doublé mon courage. Cicéron, ad Att., vii, 2. Je suis de leur avis ; une justice agitée et pleine de péril n’est pas celle du sage. Priscien, viii, p. 801.

XXVIII. Cicéron fait dire aussi à Lélius, qui défend la justice : La vertu veut être honorée ; c’est la seule récompense qui lui convienne, encore la reçoit-elle sans exigence, et la demande-t-elle sans avidité. — Et dans un autre endroit : Quels trésors offrirez-vous à l’homme de bien ? quelles dignités ? quel royaume ? Tous ces biens il les regarde comme périssables, et ceux qu’il possède comme divins. Si l’ingratitude d’un peuple, les menées d’une cabale ou la puissance de quelques ennemis peut dépouiller la vertu de ses récompenses, elle trouve en elle-même mille consolations délicieuses, elle est toujours assez ornée de sa propre beauté. Lactance, Instit. v, 18, 22. Hercule que sa vaillance a rendu fameux presque à l’égal de l’Africain et élevé au rang des Dieux. Lactance, Instit., 9. Dans le troisième livre de la République, Cicéron assure qu’Hercule et Romulus ont dépouillé la nature humaine pour prendre place parmi les Dieux ; non, dit-il, que leur corps ait été transporté dans les cieux ; car la nature ne permet pas que ce qui sort de la terre puisse se reposer ailleurs que dans la terre elle-même. Saint Augustin, de Civil. D., xxii, 4. Les hommes de cœur ont toujours recueilli les fruits de leur courage et de leur infatigable persévérance. Nonius, ii, 434.