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CICÉRON.

On doit considérer comme injuste toute guerre entreprise sans motifs. Quelques lignes après, il ajoute : Une guerre ne peut être juste, si elle n’est annoncée et publiquement déclarée, si on ne l’a fait précéder d’une demande en réparation Isidore, Orig., xvm, 1. [C’est en défendant ses alliés que le peuple romain a conquis l’empire du monde.] Nonius, ix, 6.

XXIV. [Dans ces mêmes livres de la République, la cause de la justice contre l’injustice est soutenue avec beaucoup de force et de chaleur. En plaidant la cause opposée, et en voulant démontrer qu’il n’y a d’existence et de prospérité pour les États que par l’injustice, Philus avait proposé, comme le plus solide fondement de sa doctrine, cet argument : II est injuste que les hommes soient soumis à leurs semblables et les servent ; et cependant si un État puissant, dont l’empire s’étend au loin, ne commet cette injustice, il lui sera impossible de tenir ses provinces sous sa loi. On lui répond, au nom de la justice, que la domination dont il parle est juste, parce que la sujétion est un bien pour les peuples soumis, parce que l’autorité d’un maître leur est utile lorsqu’elle s’exerce avec équité et n’est pas confiée à des mains impures et tyranniques, parce qu’enfin la soumission doit être salutaire à des nations qui périssaient dans leur triste indépendance. Pour rendre plus manifeste la vérité de ce sentiment, Lélius montrait que c’était là une loi universelle, fondée sur la nature même, et disait : Pourquoi donc Dieu commande-t-il à l’homme, l’âme au corps, la raison aux passions et à toutes les parties mauvaises de notre nature ? ] Saint Augustin, de Civit. Dei, xix, 2l.

XXV. [Écoutez ce que dit Tullius avec tant de raison dans son troisième livre de la République ; il veut montrer que l’homme peut légitimement commander à son semblable : Ne voyons-nous pas, dit-il, que partout la nature a établi l’empire de ce qui est excellent sur ce qui est de condition inférieure, et que rien n’est plus salutaire que cet empire ? Pourquoi Dieu commande-t-il à l’homme, l’âme au corps, la raison aux passions, à la colère et à toutes les mauvaises parties de notre âme ? — Un peu après, Tullius ajoute : II y a différentes sortes de commandements et d’obéissances qu’il faut savoir distinguer. On dit que l’âme commande au corps, et qu’elle commande aux passions ; mais elle commande au corps comme un roi à ses concitoyens, un père à ses enfants ; aux passions, comme un maître à ses esclaves, parce qu’elle les réprime violemment et les dompte. Les rois, les généraux, les magistrats, les pères, les peuples gouvernent leurs concitoyens et leurs alliés comme l’âme gouverne le corps ; tandis que la dure autorité des maîtres, tenant leurs esclaves sous le joug, ressemble à celle de la meilleure partie de l’âme, je veux dire la raison, bridant les parties faibles ou vicieuses de cette même âme, telles que la colère, l’amour désordonné et les autres passions.] Saint Augustin, contre Julien, iv, 12. La sujétion de l’homme qui pourrait se commander à lui-même est injuste ; mais je ne trouve aucune injustice à ce que ceux qui ne savent pas