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insensé. — Voilà comment Carnéade, divisant la justice en deux branches, l’une civile, l’autre naturelle, les détruit l’une et l’autre, en prouvant que la première est bien la prudence, mais non la justice, et que la seconde est bien la justice, mais non la prudence. Ce sont là des arguments captieux et empoisonnés que Cicéron n’a pu réfuter. Car lorsqu’il fait répondre à Furius par Lélius, qui plaide la cause de la justice, il laisse sans solution toutes ces difficultés, qu’il semble éviter comme autant de pièges.] Lactance, Instit., liv. v, c. 16.

XXI…… [J’accepterais volontiers cette tâche, Lélius, si je ne croyais que nos amis désirent, et si je ne souhaitais moi-même, vous voir prendre quelque part à cet entretien. Vous nous disiez hier, rappelez-vous-le, que vous parleriez peut-être plus que nous ne voudrions. C’était promettre l’impossible ; mais tenez au moins une partie de votre parole, nous vous en prions tous.] Aulu-Gelle, i, 22.Lélius…… [Que nos jeunes gens se gardent bien d’écouter Carnéade, S’il pense ce qu’il dit ! c’est un homme infâme ; s’il ne le pense pas, ce que j’aime mieux croire, son discours n’en est pas moins horrible.] Nonius, iv, 236, 240.

XXII. [Il est une loi véritable, la droite raison conforme à la nature, immuable, éternelle, qui appelle l’homme au bien par ses commandements, et le détourne du mal par ses menaces ; mais, soit qu’elle ordonne ou qu’elle défende, elle ne s’adresse pas vainement aux gens de bien, et elle n’a pas le crédit d’ébranler les méchants. On ne peut ni l’infirmer par d’autres lois, ni déroger a quelqu’un de ses préceptes, ni l’abroger tout entière ; ni le sénat ni le peuple ne peuvent nous dégager de son empire ; elle n’a pas besoin d’interprète qui l’explique ; il n’y en aura pas une à Rome, une autre à Athènes, une aujourd’hui, une autre dans un siècle ; mais une seule et même loi éternelle et inaltérable régit à la fois tous les peuples, dans tous les temps ; l’univers entier est soumis à un seul maître, à un seul roi suprême, au Dieu tout-puissant, qui a conçu, médité, sanctionné cette loi : la méconnaître, c’est se fuir soi-même, renier sa nature, et par là seul subir les plus cruels châtiments, lors même qu’on échapperait aux supplices infligés par les hommes.] Lactance, Instit., vi, 8.

XXIII. [Dans le troisième livre de la République, on soutient, si je ne me trompe, qu’une sage république ne fait jamais la guerre que par fidélité à sa parole, ou pour son salut. Ailleurs Cicéron explique ce qu’il faut entendre par salut de l’État : Ces peines dont les hommes les plus grossiers, nous dit-il, sentent l’amertume, la pauvreté, l’exil, les fers, les tortures, tout citoyen peut s’en affranchir en un instant par la mort ; mais la mort, qui termine aussi les malheurs des particuliers, est elle-même le plus grand malheur pour un État. Car un État doit être constitué de façon à vivre éternellement. Les républiques ne sont donc pas destinées à périr comme les hommes, pour qui la mort est non-seulement nécessaire, mais souvent même désirable. Lorsqu’un État disparait, s’abîme, est anéanti, c’est en quelque sorte, pour comparer les petites choses aux grandes, comme si le monde entier périssait et s’écroulait.] S.Augustin, de Civ. D. xxii, 5. [Cicéron dit dans le traité de la République :