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CICÉRON.

gardez-les comme les lumières des peuples, comme les précepteurs de la vérité et de la vertu, rien de plus légitime ; pourvu que vous accordiez une partie de cette estime à la science du gouvernement, à ce grand art de la vie des peuples, sorti d’abord de l’expérience des hommes politiques, médité ensuite à l’ombre des écoles, et qui donne souvent aux esprits heureusement nés une vertu divine et une incroyable puissance. Lorsque de nobles âmes ont voulu joindre aux facultés qu’elles tenaient de la nature ou des institutions sociales les trésors de la science et la lumière des principes, comme firent les illustres personnages que j’introduis dans cet ouvrage, il n’est personne qui ne proclame leur incontestable supériorité. Quoi de plus admirable en effet que d’allier la pratique et l’expérience des grandes choses à l’étude et la méditation des arts de la vie ? Peut-on imaginer rien de plus parfait qu’un Scipion, un Lélius, un Philus, tous ces grands hommes enfin qui pour ne négliger aucune partie de la véritable gloire, joignirent aux maximes de leurs ancêtres et aux traditions domestiques les enseignements étrangers dont Socrate fut le père ? Je regarde donc comme accompli de tous points celui qui a voulu et qui a pu en même temps réunir au pieux héritage de nos ancêtres le bienfait de la science. Mais s’il fallait choisir entre ces deux voies de la sagesse, bien que beaucoup d’esprits puissent trouver plus heureuse une vie passée dans l’étude et la méditation des plus hautes vérités, mon suffrage serait acquis à cette vie active dont la gloire est plus solide, et qui produit des hommes comme M. Curius. « Que personne jamais n’a pu vaincre ni avec l’or ni avec le fer ; » ou comme……(LACUNE)

IV…… La différence qu’il y eut entre les grands hommes des deux nations, c’est que chez les Grecs les semences de vertu furent développées par la parole et l’étude ; chez nous, au contraire, par les institutions et les lois. Rome a produit un grand nombre, je ne dirai pas de sages, puisque c’est un titre dont la philosophie est si avare, mais d’hommes souverainement dignes de gloire, puisqu’ils ont pratiqué les préceptes et les leçons des sages ; et si l’on songe au nombre des États florissants que le monde a connus et qu’il renferme encore, si l’on fait réflexion que le plus grand effort du génie est de fonder une nation capable d’avenir : à ne compter qu’un législateur par peuple, quelle multitude de grands hommes nous voyons subitement apparaître ! Si nous voulons parcourir en esprit toutes les contrées de l’Italie, le Latium, le pays des Sabins et des Volsques, le Samnium, l’Étrurie, la Grande-Grèce ; si nous jetons les yeux sur les Assyriens, les Perses, les Carthaginois……(LACUNE)

V…… Vous me chargez là d’une belle cause, dit Philus, en m’ordonnant de prendre la défense de l’injustice ! — Craignez-vous donc sérieusement, lui répondit Lélius, que si nous vous entendons développer les arguments favoris des adversaires de la justice, nous ne vous prenions pour l’un des leurs, vous qui êtes parmi nous le plus parfait modèle de l’antique probité et de la foi romaine, vous dont tout le monde connaît la