Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

toyens principaux, ou par le corps entier de la Nation. Il appelle tyran, à l’exemple des Grecs, le roi injuste ; faction, l’aristocratie injuste ; et ne trouvant pas de terme consacré pour qualifier un peuple injuste, il lui donne aussi le nom de tyran. Mais tandis que, dans la discussion de la veille, il avait appelé États corrompus ceux dont le maître est injuste, il va plus loin maintenant, et déclare, en conséquence même de ses définitions, que, sous de tels maîtres, il n’y a plus de société. Lorsqu’un tyran ou une faction domine, ce n’est plus, dit-il, la chose du peuple ; et le peuple lui-même, quand il devient injuste, cesse d’être un peuple, parce qu’il ne présente plus alors l’image d’une société formée sous la garantie du droit et dans un but d’utilité commune, ce qui est, comme on l’a vu, la véritable définition du peuple.

I. [Dans le troisième livre de la République, Cicéron dit que la nature, plutôt marâtre que mère, a mis l’homme en ce monde avec un corps nu, frêle et débile, avec une âme dévouée aux chagrins, sujette aux terreurs, molle au travail, ouverte aux passions, mais au fond de laquelle cependant luit encore à demi étouffée une divine étincelle d’intelligence et de génie.] Saint Augustin, contre Julien le Pélagien, iv, 160.

[L’homme, qui est lié faible et désarmé, parvient cependant à se mettre en sûreté contre tous les antres animaux ; tandis que les animaux les plus robustes, ceux mêmes qui supportent aisément toute l’inclémence du ciel, ne peuvent se défendre contre l’homme. On voit donc que la raison est plus utile a l’homme que leur forte nature ne l’est aux autres animaux, puisque ceux-ci, malgré la vigueur de leurs muscles et la dureté de leur corps, ne peuvent éviter de tomber sous nos coups ou de devenir nos esclaves…… Platon rend grâces à la nature de lui avoir donné la condition humaine……] Lactance, de Opif. Dei, c. 3.

II…… L’homme s’avançait lentement, il est porté avec une vitesse extraordinaire. Il ne poussait d’abord que des sons confus et inarticulés, l’intelligence les a débrouillés et rendus distincts ; elle a attaché les mots aux choses, pour en être comme le signe ; elle n réuni les hommes, auparavant dispersés, par ce lien délicieux du langage. Les articulations de la voix paraissaient infinies, mais cette même intelligence trouva l’art de les exprimer et de les représenter toutes au moyen d’un petit nombre de caractères, qui nous permettent de converser avec les absents, de faire connaître nos volontés, et de fixer dans des monuments le souvenir du passé. Le génie de l’homme découvrit ensuite la science des nombres, chose si nécessaire à la vie et qui seule est immuable et éternelle. Cette science nous conduisit à jeter un regard observateur sur les deux, et, sans nous consumer dans une contemplation stérile de mouvements astronomiques à faire le calcul des jours et des nuits……(LACUNE)

III…… Des hommes parurent enfin, dont l’esprit s’éleva plus haut, et put exécuter ou concevoir quelques grandes choses, qui fussent vraiment dignes de ce présent des Dieux. Regardez donc, si vous le voulez, comme de grands hommes ceux qui nous enseignent l’art de la vie ; re-