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blique. A peine son nom a-t-il été prononcé jusqu’ici, mais plus d’une fois dans la suite nous aurons à parler de ses fonctions et de son pouvoir… (LACUNE)

XXX… Platon veut que la plus parfaite égalité préside à la distribution des terres, à l’établissement des demeures ; il circonscrit dans les plus étroites limites sa république, plus désirable que possible ; il nous présente enfin un modèle qui jamais n’existera, mais où nous lisons avec clarté les principes du gouvernement des États. Pour moi, si mes forces ne me trahissent pas, je veux appliquer ces mêmes principes, non plus au vain fantôme d’une cité imaginaire, mais à la plus puissante république du monde, et faire toucher en quelque façon du doigt les causes du bien et du mal dans l’ordre politique. Après que les rois eurent gouverné Rome pendant deux cent quarante années et un peu plus, en comptant les interrègnes, le peuple qui bannit Tarquin témoigna pour la royauté autant d’aversion qu’il avait montré d’attachement à ce gouvernement monarchique, à l’époque de la mort ou plutôt de la disparition de Romulus. Alors il n’avait pu se passer de roi ; maintenant, après l’expulsion de Tarquin, le nom même de roi lui était odieux. (LACUNE)

XXXI. Ainsi cette belle constitution de Romulus, après être demeurée en vigueur pendant deux cent vingt ans environ… Cette loi fut complétement abrogée. C’est dans cet esprit que nos ancêtres bannirent Collatin dont le seul crime était ses liens de parenté, et toute la famille des Tarquins, en haine de leur nom. C’est dans cet esprit également que P. Valérius fit le premier incliner ses faisceaux lorsqu’il parlait dans l’assemblée du peuple, et qu’il vint habiter au pied du mont Véli, lorsqu’il s’aperçut que le peuple ne voyait pas sans inquiétude s’élever la maison qu’il faisait bâtir sur la hauteur, au lieu même où avait habité le roi Tullus. Valérius enfin (et c’est ici qu’il se montra le plus digne de son titre de Publicola) proposa au peuple la première loi que votèrent les comices par centuries, pour interdire aux magistrats de mettre à mort ou de frapper de verges le citoyen romain qui en appelait au peuple. Le droit d’appel existait déjà sous les rois, comme l’attestent les livres des pontifes et ceux des augures ; plusieurs dispositions des douze Tables prouvent aussi que l’on pouvait appeler de tout jugement et de toute condamnation ; enfin l’élection des magistrats eux-mêmes n’était pas sans appel : et ce qui l’établit clairement, c’est que l’histoire nous apprend comme un fait tout particulier que les décemvirs, chargés de donner des lois à Rome, ont été nommés sans appel. Lucius, Valérius Potitus et M. Horatius Barbatus, sagement populaires par amour de la concorde, ordonnèrent, par une loi de leur consulat, qu’aucun magistrat ne serait créé sans appel. Les trois lois Porcia, proposées par trois membres de la famille des Porcius, n’ajoutèrent, comme vous le savez, rien de nouveau que la sanction. Valérius donc, après la promulgation de cette loi sur l’appel au peuple, fit ôter immédiatement