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qui avaient déjà ce titre Pères des Anciennes Familles, et les fit toujours opiner les premiers ; et ceux qui le reçurent de lui, Pères des Nouvelles Familles. Il établit ensuite l’ordre des chevaliers, tel qu’il s’est maintenu jusqu’à nos jours ; mais il ne put, malgré son vif désir, changer les noms de « Titienses, Ramnenses » et « Luceres », parce que le fameux augure Attius Névius l’en dissuada. Nous savons que les Corinthiens naguère avaient grand soin de réserver et d’entretenir des chevaux pour le service de l’Etat, au moyen d’un impôt levé sur les mariés sans enfant et les veuves. Aux premières compagnies équestres Tarquin en ajouta de nouvelles, et le nombre des chevaliers fut alors de douze cents ; mais il le doubla après avoir soumis les Èques, grande et redoutable nation, devenue menaçante pour le peuple romain. Il repoussa loin de Rome les Sabins qui l’assiégeaient, et remporta sur eux tout l’avantage de la guerre. Nous apprenons encore que le premier il institua les grands jeux, que l’on nomme jeux romains ; que dans la guerre contre les Sabins, au fort d’une bataille, il fit vœu d’élever un temple à Jupiter très bon, très grand, et qu’il mourut après avoir régné quarante-huit ans.

XXI. Lélius : Tout ce que vous nous dites porte bien la vérité de ce mot de Caton : que la constitution de notre république n’est l’œuvre ni d’un seul âge ni d’un seul homme ; nous voyons combien chaque roi fonde d’établissements nouveaux, tous utiles à l’Etat. Mais voici venir celui des rois qui, à mon sens, a eu le plus grand génie politique. — Vous dites vrai, reprit Scipion ; après la mort de Tarquin, Servius Tullius commença à régner sans un ordre du peuple. On le dit fils d’une esclave de Tarquinies et d’un client du roi ; élevé dans la condition de sa mère, il servait à la table du prince ; et dès ce moment on voyait briller les étincelles de son grand esprit, tant il montrait d’adresse dans son service et d’à-propos dans ses réponses. Aussi Tarquin, qui n’avait alors que de très jeunes enfants, lui témoignait une telle affection, que Servius passait généralement pour son fils. Il lui donna avec un soin extrême toute l’instruction que lui-même avait reçue, et lui apprit toutes les sciences et les arts de la Grèce. Lorsque Tarquin périt, victime des fils d’Ancus, Servius commença à régner, comme je l’ai dit, sans l’ordre du peuple ; mais toutefois avec son consentement et sous son bon plaisir. On avait répandu le faux bruit que Tarquin survivait à sa blessure : Servius, dans tout l’appareil de la royauté, rendait la justice, acquittait de son argent les dettes du peuple, se montrait envers tous d’une grande affabilité, et déclarait que s’il rendait la justice, c’était au nom de Tarquin. Il ne se confia pas un seul instant au sénat. Mais après les funérailles de Tarquin il s’en référa à la décision du peuple : il fut nommé roi, et fit sanctionner son autorité par les curies. Sa première action fut de réprimer par les armes les insultes des Etrusques ; ensuite… (LACUNE)

XXII… Il créa dix-huit centuries de chevaliers