Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/313

Cette page n’a pas encore été corrigée

III. Us ont, dit-il, l’habitude de ces sortes d’entretiens ; ils en ont le goût. (Nonius , iv, 1 09.)

IV. Certes, toutes les théories de ces beaux penseurs, quoiqu’elles contiennent les sources les plus fécondes de la vertu et du savoir, mises en regard des œuvres et de la vie si pleine des hommes d’action , paraîtront, je le crains , offrir moins d’utilité pour les affaires publiques que d’agrément pour nos loisirs. (Lactance , Instit. in , 1 6.)


LIVRE SECOND.

I. Dès que Scipion vit tous ses amis impatients de l'entendre, il commença en ces termes : Je vous citerai d'abord une pensée du vieux Caton, pour qui, vous le savez, j'ai toujours éprouvé la plus vive tendresse et une admiration extrême, à l'ascendant duquel je me suis abandonné tout entier dès ma jeunesse, par les conseils de Paul-Émile et de mon père adoptif, joint à l'entraînement de mon goût, et que jamais je ne pus me lasser d'écouter, tant il avait d'expérience des affaires publiques dirigées par lui, et à Rome et dans les camps, avec une si grande gloire et pendant une si longue carrière; tant je trouvais son langage mesuré, grave et piquant à la fois, son esprit ardent à s'instruire, et à répandre ses trésors, sa vie entière en harmonie avec ses discours! Il disait souvent que ce qui faisait la supériorité du gouvernement de Rome sur celui des autres nations, c'est que celles-ci n'avaient reçu pour la plupart leurs institutions et leurs lois que d'un seul législateur, et comme d'une pièce; la Crète, de Minos; Lacédémone, de Lycurgue; Athènes, dont la constitution a subi tant de changements, de Thésée, puis de Dracon, de Solon, de Clisthènes, de bien d'autres encore, et enfin, lorsqu'elle périssait et se sentait mourante, d'un savant homme, Démétrius de Phalère, qui la ranima un instant; tandis que notre république n'a point été constituée par un seul esprit, mais par le concours d'un grand nombre; ni affermie par les exploits d'un seul homme, mais par plusieurs siècles et une longue suite de générations. Il ne peut se rencontrer au monde, nous répétait Caton, un génie assez vaste pour que rien ne lui échappe; et le concours de tous les esprits éclairés d'une époque ne saurait, en fait de prévoyance et de sagesse, suppléer aux leçons de l'expérience et du temps. Je vais donc, à son exemple, développer les origines du peuple romain; j'aime à prendre, vous le voyez, jusqu'aux expressions de Caton. Il me semble que j'atteindrai plus facilement le but qui nous est proposé, en vous montrant tour à tour la naissance, les premiers progrès, la jeunesse et la virilité de notre république, que si j'allais, comme le Socrate de Platon, imaginer un état chimérique.

II. Une approbation générale accueillit ces paroles de Scipion. Il reprit à l'instant: Est-il une autre nation qui ait une origine aussi éclatante, aussi fameuse dans le monde entier, que la fondation de notre cité par Romulus, fils de Mars? Nous devons en effet respecter une tradition qui a le privilège de l'antiquité et qui surtout est pleine de sagesse, et penser avec nos ancêtres que les bienfaiteurs du genre humain méritent la réputation non pas seulement d'avoir un esprit divin, mais d'être issus du sang des Dieux. On rapporte donc que Romulus, aussitôt après sa naissance,