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20S CICERON. gure Appuis Claudius vous annonça que i augure du salut ayant été douteux, une guerre civile aussi déplorable que funeste ne tarderait pas à s’allumer. Quelques mois après éclata cette guerre que vous terminâtes en peu de jours. Assurément je ne saurais trop louer cet augure, le seul qui de- puis longues années , non content des formules augurâtes , ait pratique l’art de la divination, lui dont vos collègues se moquaient en l’appelant tantôt le Pisidien , tantôt l’augure de Sora ; car ils étaient de ceux qui ne reconnaissant, soit dans les auspices, soit dans les augures, aucun pressentiment, aucune science de la vérité future , n’y voyaient que des superstitions inventées pour flatter l’ignorance du vulgaire. Rien de plus faux cependant. Car comment supposer chez les pâtres qui entouraient Romulus, et chez Romulus lui même, l’astuce nécessaire pour inventer un si- mulacrede religion propre à tromper la multitude ? Mais la difficulté d’apprendre un art compliqué a suggéré à la paresse des raisons spécieuses. On aime mieux soutenir que les auspices ne sont rien, que d’étudier pour savoir ce qu’il en est. Qu’y a- t-il de plus divin que l’auspice de Marius dont vous parlez dans votre poëme ? Le voici, car j’aime a vous citer. « Le satellite ailé du maître du ton- nerre, blessé à l’impro iste par la morsure d’un ser- pent élancé d’un tronc d’arbre, déchire de ses ongles acérés le reptile demi-mort dont la tête nuancée menace encore. Le serpent se tord sous les coups de bec ensanglanté. L’aigle vengé de ses douleurs cruelles jette dans les eaux les restes palpitants de son ennemi, et dirige son vol vers la demeure éclatante du soleil. Marius aperçoit l’oiseau divin aux ailes rapides , et il y voit l’au- gure envoyé par les Dieux , l’heureuse annonce de sa gloire et de son retour dans sa patrie. Le maître du ciel tonne à gauche, et Jupiter lui-même confirme ainsi l’augure de son messager. » XLV1II. Quant à l’augurât de Romulus , il remonte à sa vie pastorale , et précède la fonda- tion de Rome. Ce n’était pas une fiction destinée à tromper la foule ignorante, mais un art religieu- sement enseigné et fidèlement transmis. Comme le dit Ennius, Romulus et son frère, tous deux augures, « désirant tous deux régner, observent avec un égal soin les auspices et les augures. Ré- mus de son côté attend un auspice heureux, et épie le vol favorable d’un oiseau. Mais le beau Romulus se place sur le sommet de l’Aven* tin pour observer les oiseaux qui planent au haut des deux. Comment s’appellera la ville, Rome ou Rémora ? Lequel des deux frères aura le pou- voir suprême ? tel est l’objet de la lutte. Impatient d’une décision, le peuple attend, semblable à la foule curieuse rassemblée, à l’entrée de l’arène, autour du consul prêt à donner le signal qui va permettre aux chevaux de franchir la barrière coloriée. Ainsi s’agitait le peuple , se demandant avec anxiété lequel des deux frères la victoire doit couronner. Cependant le soleil pâlissant fuit devant les ombres de la nuit. Mais bientôt une lumière pure brille à l’horizon, et au même ins- tant s’élance à gauche un oiseau aussi beau que rapide. Le soleil alors apparaît radieux. Aussitôt trois fois quatre oiseaux divins descendent rapi- dement du ciel , et se posent en des lieux choisis. Romulus comprend enfin que cet auspice lui donne le pouvoir, et que désormais son trône repose sur des bases solides. » diebus oppressum. Cui quidem auguri vehementer assen- tior : solus enim multorum annorum memoria , non de- cantandi augurii,sed divinandi tenait disciplinant. Quem iiridebant collegœ tui , eumque tum Pisidam, lum Sora- num augurem esse dicebant. Quibus nulla videbatur in au- guriis, ant auspiciisprœsensio, aut scienlia verilatis futu- rae ; sapienter, aiebant, ad opinionem imperitorum esse Gelas religiones. Quod longe seeus est ; neque enim in pas- toribus illis, quibus Romulus prœfuit, nec in ipso Bomulo Iisbc calliditas esse potuit, ut ad errorem mullitudinis ro- liizionis simulacra fingerent : sed difficultés laborque dis- < ■■•ndi disertam negu’gentiam reddidft Malont enim disse- rere, nihil esse iu auspiciis, quam,quid sit, ediscere. Quid est illo auspicio divinius, qund apud te in Mario est ? ut utar potissimum le auctore : Hic Jovis altisoni subito pinnata satelles, Arboris e trunco serpenlis saucia morsu, Subigitipsa feris transligens unguibns anguem Sernianimum, et varia graviter cervice micantem. Quem se Lotorquentem lanians, rostroque cruentans, Jamsatiata animas, jam duros ultadolor- Àbjicit efflantem , et laceratum affligit in unda, Seqne obitu a solis nitidos convertit adortus. Hanc ubi pr.ipetibus pinnis lapsuque volantcm fionspexit Marius , divini numinis augur, Fauitaque signa sua- taudis, reditosque notavit ; Partibus intonuit cœli pater ipsesinistris : Sic aquilte clarum lirmavit Jupiter omen. XLVIII. Atque ille Romuli auguratus, pastoralis, non urbanus fuit ; nec (ictus ad opiniones imperitorum , sed a cerlis acceptus, et posteris traditns. Itaque Romulus au- gur, ut apud Ennium est, cum fratre item augure, Curantes magna cum cura, concupientes Regni, dant operain simul auspicio, augurioqun. Hinc Remus auspicio se devovet, atque secuadam Solus avern servat. At Romulu’ pulcher in alto Qua-rit Avenlino, servans genus allivolantum. Certabant, urbem Romam Remoramne vocarent. Omnibu’ cura viris, uteressel induperator ; Exspectant, veluti, consul quum mittere signuni Volt, omnes avidi spectant ad carceris oras, Quam mox emitlat plcrJs ex faucibu’ currus : Sic. exspectabat populus , atque orotimebat Reluis, utri magni Victoria sit dala regni. Interea sol albu’ recessit in infera noctis ; Exin candida se radiis dédit icta foras lux . Et simul ex allô longe pulcberrima prspes Lava volavit avis ; simul aureus exorilursol. Cedunt de cœlo ter quatuor corpora sancta Avium , prapelibus sese pulchrisque locis dant. Conspicit inde sibi data Romulus esse priora, luspicio regni stabilita scamna , solumque.