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206 C1CÉRON. le temple de Pasiphaé, situé près de la ville, dans l’espoir d’obtenir durant leur sommeil des oracles véritables. Revenons aux usages de Rome. Com- bien de fois le sénat ordonna-t-il aux d Icei ivirs de consulter les livres sibyllins ? Que de fois et dans combien d’occasions importantes ce corps obéit-il aux dicisions des aruspices ? Ainsi, lors- qu’on vit deux soleils, puis trois lunes, quand on aperçut des feux dans le ciel , quand le soleil brilla la nuit, lorsqu’on entendit des mugissements célestes, quand leeiel s’ouvrit pour laisser voirdes globes de feu ; enfin lorsqu’on annonça au sénat qu’une partie du territoire de Priverne s’était perdue dans un abîme sans fond, et que l’Apulie avaiteteébranléepar d’horribles tremblements de terre . présages qui annonçaient au peuple Ro- main de grandes guerres et de désastreuses sédi- tions , dans toutes ces occasions les réponses des aruspices concordèrent avec les livres sibyllins. Quoi ! la statue d’Apollon de Cumes et celle de la Victoire à Capoue se couvrant de sueur, la nais- sance d’un hermaphrodite , ne présenteraient pas quelque chose de monstrueux et de fatal ! Quoi ! lorsqu’un fleuve roula des eaux ensanglantées, lorsqu’il plut des pierres et même du sang, ou parfois de la terre ou bien du lait ; quand la foudre frappa le centaure du Gapitole , les portes du mont Aventin, tua des hommes, et ne res- pecta ni le temple de Castor et Pollux à Tuscu- lum, ni celui de la Piété à Rome, les aruspices consultés n’annoncèrent-ils pas ce qui devait arriver, et leurs prédictions ne se trouvèrent-elles pas conformes aux livres de la Sibylle ? XLIV. Plus récemment, durant la guerre des Marses , conformément à un songe de Cécilia , fille de Q. Métellus, le sénat ordonna de recons- truire le temple de Junon Conservatrice. C’est après avoiv établi la concordance merveilleuse de ce songe avec le fait même, que Sisenna, sans doute à l’instigation de quelque Epicurien, cherche tout à coup à prouver audacieusement que l’on ne doit pas ajouter foi aux songes. Le même historien , toutefois , ne dit rien contre les prodiges, et raconte qu’au commencement de la guerre des Marses, les statues des Dieux se couvrirent de sueur, que le sang tomba du ciel et coula en ruisseaux, que des voix secrètes an- noncèrent les dangers publics , et que les boucliers de Lanuvium furent rongés par les rats, présage que les aruspices jugèrent très-funeste. Ne lisons- nous pas dans nos annales que , durant la guerre de Veïes, les eaux du lac d’Albe s’étant considé- rablement accrues, un des principaux habitants de la ville passa de notre côté, et nous dit qu’il était écrit dans le livre des destinées de Veïes que cette xille serait imprenable tant que le lac serait dé- bordé ; que si ses eaux s’écoulaient vers la mer, le peuple Romain en éprouverait de pernicieux effets , et que si , au contraire, on leur donnait une autre issue, nous en tirerions grand avantage ? Telle est la cause de ces admirables travaux faits par nos ancêtres pour détourner les eaux du lac. Mais lorsque les Véiens, épuisés par la guerre, députèrent vers le sénat, on rapporte qu’un des envoyés déclara que le transfuge n’avait pas osé tout dire, et qu’il était aussi écrit dans le livre des destinées de Veïes « que Rome serait bientôt prise par les Gaulois ; » et c’est ce qui arriva six ans après la reddition de Veïes. XLV. Souvent aussi on a entendu des voix de faunes au milieu des combats. Dans les circons- tances difficiles on a cru entendre des voix pro- rebns, quamque saepe responsis aruspicum paruit ? Ram et quum duo visi soles essent, et quum très lunae, cl quum faces, et quum sol nocte visus esset, et quum e cœlo fremitus auditus, et quum ccelum diseessisse i- sum est, atque in eo animadversi globi. Delata etiam ad ■luni labes agri Privernalis, qunm ad infinitam altitu- dinem terra desedisset, Apuliaque maximis lerrae motibus onquassata esset ; quibus portent^ magna populo Romano beUa perniciosœque seditiones denunliabautur : inque lus omnibus responsa aruspicum cum Sihylbc versibus con- gruebant. Quid, quum Cumis Apollo rodavit, Capu.e Victoria ? quid ortus Androgyni ? n mne fatale qnoddam monstram fuit ? quid , qood (luvius atratus sanguine fluxil J quid, quum saepe lapidum , sanguinis nonnunquam , ten.e interdum, qir-ndam etiam hetis imber defluxit ? quid, quum in Capitolio iclus Ontauruse cœlo est ? in A<n- tino porte, et liomines ? Tusculi aedes Castoris et Pollu- cis , Romaeque Pietatis , nonne et aruspices ea responde- runt, quse evenerunt, et in Sibyllae libris ea’dem repertae pra-dictiones sunt ? XLIV. Car ili.f , Q. tiliœ , somnio, modo , Marsico bello, templum est a senatu Junoni Sospite restitutum. Quod quidem somnium Sisenna quum dwpotavisset mirifiee ad verbum cum re convenisse, tnm insolenter, credo, ah Epicureo aliquo inductus, disputât, somniis credi non oportere. Idem contra ostenta nihil disputât, cxponilque initio belli Marsici et deorum simulacra sudavisse, et sanguinem fluxisse, et diseessisse cœlum ;el ex occulto auditas esse voces, quœ pericula belli nuntiarent ; et La- nuvii clypeos, quod arospicibns tristissimum visum esset, a muribus esse derosos. Quid ? quod in Annalibus babe- mus, Veienti bello, quum lacus Albanus praeter modum ( -revisset , Veientem quemdam ad nos bominem nobilem profugisse, eumque dixisse, ex fatis, qme Veientes scripta baberent , Veios capi non posse , dum lacus is redundaret ; et, si lacus emissus lapsn et eursu suo ad mare profluxis- set , perniciosnm populo Romano ; sin autem ita esset edu- ctus, ut ad mare pervenire non posset, lum salulare nostris . Ex quo illa admirabilis a majoribus Alliance aqua’ fada deductio est. Quum autem Veienles bello fessi legatos ad senatum misissent, tum ex bis quidam dixisse dicitur, non omnia illum transfugam ausum esse senatui dicere ; in iis- dem enim fatis scriptum Veientes habere, « Fore, ut brevi a Gallis Roma caperetur. » Quod quidem sexennic post Veios eaptos faclum esse videmus. XLV. Saepe etiam et in pra-liis Fauni auditi ; et in rébus torbidis veridica ? voces ex occulto missae esse dicuntur. C’iijus geneiis duo sunt ex mnltis exempla, sed maxima.