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DE LA DIVINATION, LIV. I. grand art , s’il était exercé par des gens de basse naissance, ne perdît de son caractère sacré et ne dégénérât en profession mercenaire. Les Phry- giens, les Pisidiens, les Galiciens, les Arabes ont surtout foi dans les présages fournis par les oi- seaux ; les Ombriens, dit-on, suivent le même usage. XLII. Je crois même trouver dans la diversité des lieux l’origine et comme l’occasion des di- verses divinations pratiquées par leurs habitants. Ainsi les Égyptiens et les Babyloniens, fixés dans des plaines ouvertes, où aucune éminence ne s’op- pose à l’observation du ciel , se sont entièrement consacrés à l’étude des constellations. De même les Étrusques, plus profondément imbus de l’es- prit religieux , s’adonnèrent principalement à la connaissance des entrailles des nombreuses vic- times qu’ils immolaient. Et de plus, comme la pesanteur de l’atmosphère en Étrurie donne lieu fréquemment à des phénomènes célestes, des ap- paritions inusitées, à des productions bizarres de la terre , à des conceptions monstrueuses parmi les hommes et les animaux, ils acquirent une grande expérience dans l’interprétation des pro- diges. Comme vous l’avez observé, les expres- sions si judicieusement adoptées par nos pères rendent exactement ces diverses idées ; et de l’acte qu’expriment oslendere, portenderé, mons- trare, prœdicere, sont venus ostenta, portenta, monstra, prodigia. Les Arabes, les Phrygiens , les Ciliciens, peuples pasteurs qui, hiver comme été , errent avec leurs troupeaux dans les plai- nes et dans les montagnes, ont, en raison de leurs mœurs, observé plus facilement le vol et le chant des oiseaux. Les mêmes causes ont a<n 205 sur les habitants de la Pisidie et nos voisins les Ombriens. QuantauxCariens, et spécialement aux Telmessiens dont j’ai déjà parlé, adonnés à la culture descampagnes riches et fertiles dont la fé- condité suscite souvent des productions extraor- dinaires, ils se sont exercés de bonne heure à interpréter les prodiges. XLIIL Qui ne sait au reste que, dans toute ré- publique bien constituée, les auspices et les autres genres de divination ont toujours été en grand crédit ? Quel peuple, quel roi dédaigna jamais les avertissements des Dieux, soit en temps de paix , soit surtout en temps de guerre, où le danger est plus grand et le salut de l’État douteux ? Je passe sous silence les chefs de notre république , qui n’entreprennent rien en temps de guerre sans consulter les entrailles des victimes, et rien du- rant la paix sans auspices. Parlons des étrangers. De tous temps les Athéniens attachèrent à leurs conseils publics certains devins revêtus du carac- tère sacerdotal et appelés par eux uavrsiç. De mê- me les Lacédémoniens donnèrent un augure pour assesseur à leurs rois. Dans leur sénat, assem- blée formée de vieillards, siège aussi un augure ; et dans toutes les circonstances importantes ils ne manquèrent jamais de consulter ou l’oracle de Delphes, ou celui de Jupiter Ammon, ou celui de Dodone. Lycurgue, fondateur de la république de Lacédémone, demanda à Apollon de Delphes la sanction de ses lois. Le novateur Lysandre fut contraint de respecter cette même autorité reli- gieuse. Bien plus , les chefs de la république de Lacédémone, non contents de veiller soigneuse- ment sur les intérêts de l’Etat, couchaient dans hominum, a religionis aucloritate abducerelnr ad merce- dem atque. qnaestum. Pliryges autem, et Pisidœ, et Cili- ées, et Arabum natio, avium signilicalionibus pluiïmum obtempérant : quod idem factitatum- in Umbiïa accepi- nms. XLII. Ac mihi quidem videntur e locis quoque ipsis, qui a quibusque incolebantur, divinationum oppoi limitâ- tes esse ductœ. Etenim JZgyplii et Babylonii in caniporum patentium œquoribus habitantes , quurn ex terra nibil emineret quod contemplationi cœli otïicere posset, omnem curam in siderum cognitione posuerunt ; Êtrusci autem, quod religione imbuti stndiosius , et crebrius hostias im- molabant , extorum cognitioni se maxime dediderunt ; quodque propter aeris crassitudinem de cœlo apud eos multa fiebant, et quod ob eamdem causam multa inusitata partim e cœlo, alia ex terra oriebantur, quaedam etiam ex liominum pecudumve conceptu et satu , ostentorum exer- dtatissimi interprètes exstiterunt. Quorum quidem vim, ut lu soles dicere, verba ipsa prudenter a majoribus po- si ta déclarant : quia enim ostendunt, portendunt, mon- strant, prsedicunt ; ostenta, portenta, monstra, prodi- gia dicuntur. Arabes autem, et Pliryges, et Ciliées, quod pastu pecudum maxime utuntur, campos et montes liieme et aestate peragrantes, propterea facilius cantus avium et volatus notaverunt. Eademque et Pisidiœ causa fuit, et huic uostcae Umbriae. Tum Caria tota, pra’dpiieque Tel- messes, quos ante dixi , quod agios uberrimos maximeque fertiles incolunt, in quibus multa propter fœcunditatem fingi gignique possunt,in ostentis animadvertendis dili- gentes fuerunt. XLI1I. Quis vero non videt, in oplima quaque republica plurimum auspicia, et reliqua divinandi gênera valuisse ? Quis rex unquam fuit, quis populus, qui non uteretur prœdictione divina ? neque solum in pace, sed in bello multo etiam magis, quo majus erateertamen et discrimen salutis. Omitto nostros , qui niliil in bello sine extis agunt , nibil sine auspiciis domi habent. Auspicia externa videa- mus. Nam et Athenienses omnibus semper publicis consi- liis divinos quosdam sacerdotes, quos «.omet ; vocant, ad- hibuerunt : et Lacedaemonii regibus suis augurem assesso- rem dederunt ; ilemque senibus (sic enim consilium publi- cum appellant) augurem intéresse voluerunt ; iidemquede rébus majoribus semper aut Delpbis oraculum , aut ab Hammone,auta Dodona petebaut. Lycurgus quidem, qui Lacedœmoniorum rempublica» temperavit, leges suas auctoritate Apollinis Delpbici confirmavit : (|uas quum vellet JLysaoder commutare, eadem est probibitus reli- gione. Atque etiam, qui praeerantLacedœmoniis, non con- tenu vigilantibus curis, in Pasipbaae fano, quod est in agio propter urbem, somniandi causa excubabant , quia vera quietis oracula ducebant. Ad nostra jam redeo. Quo- îies senatus decem viros ad libros ire jussif ? Quantis ta