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204 CICERON. lui qui a affiché celle honteuse maxime, qu’il n’est point de vertu désintéressée ici-bas ? XL. Gomment donc rester indifférent à une opinion si ancienne et appuyée d’aussi illustres témoignages ? Homère nous apprend queCalchas, chef de la Hotte des Grecs, fut un excellent augu- re ; c’est à sa science des auspices, je pense, et non à sa connaissance des lieux qu’il dut cethonneur. ImphiloqueetMopsus, rois des A.rgiens 3 furent aussi augures, et bâtirent des villes grecques sur le littoral de la Cilicie. Plus anciennement encore Araphiaraùs et Tirésias, qu’il ne faut pas ranger parmi ces obscurs et vulgaires imposteurs qui, au dired’Ennius, inventent de fausses réponses par amour du gain, mais qui fureut des hommes éminentset célèbres, prédirent l’avenir, instruits par les signes et les oiseaux. Homère dit même, eu parlant de Tirésias, que seul au milieu des fan- tômes errants dans les enfers, il a su garder sa raison. Pour Amphiaraùs, il est honoré par toute la Grèce, qui l’a mis au rang des Dieux et qui vient demander des oracles au lieu où s’élève son tombeau. Le roi de l’Asie, Priam, ne vit-il pas son fils Hélénuset sa fille Cassandre prophétisant, l’un par les augures, l’autre par l’agitation inté- rieure et l’inspiration divine ? Nous trouvons dans nos annales que les frères Marcius, nés d’une illustre famille, furent autrefois célèbres par les mêmes dons. Homère ne nous apprend-il pas en- core que Polyide le Corinthien avait prédit beau- coup de choses à ceux qui partaient pour Troie, et entre autres la mort à son propre fils ? Enfin, les chefs des États chez les anciens remplissaient les fonctions d’augures. Car alors on estimait que la science augurale était non moins que la sagesse un attribut de la royauté. Aussi voyons- nous dans nos annales que les rois étaient augu- res, et que plus tard les particuliers, revêtus du même sacerdoce, gouvernèrent la république par l’autorité de la religion. XLI. Les nations barbares elles-mêmes n’ont pas négligé les diverses sortes de divination. La (i aule a ses druides, parmi lesquels j’ai connu Divitiac l’Éduen, votre hôte et votre panégyriste, qui prétendait connaître les causes naturelles , science appelée physiologie par les Grecs, et pré- voir l’avenir, partie par les augures, partie par conjecture. En Perse, les mages sont augures et devins ; et, comme vous le faisiez vous-mêmes autrefois aux Nones, ils s’assemblent dans un temple pour se consulter et converser entre eux. Personne ne peut être roi de Perse s’il n’a étudié la science et la doctrine des mages. On trouve des familles et des nations entièrement consacrées a cette étude. Telmessus, ville de Carie, est célèbre par ses aruspices. De même Élis, dans le Pélopon- nèse, a deux familles , l’une des lamides et l’autre des Clytides, où se perpétue la noblesse augurale. Les Chaldéens, en Assyrie, célèbres par la saga- cité de leur esprit, excellent dans la connaissance des astres. L’Etrurie afait de savantes observations sur les fulgurations, et sur l’art d’interpréter ce que signifient les monstres et les présages. Aussi du temps de nos ancêtres et à l’époque où flo- rissait cet empire, le sénat avait sagement dé- crété que six enfants des premières familles se- raient conliés à chaque peuple de l’Étrurie pour étudier à fond cette doctrine , de peur qu’un si XL. Qais est autem, quem non moveat clarissimis mo- numentis testala consignalaqué antiquitas ? Calchantem augurem scribitllomerus longe optimum, eumque ducem dassium fuisse. Atillnm auspiciorum credo scientia, non locorum. Amphilocuus cl Mopsus Argivorum reges fue- runt, sed iidem augures ; iique urbes in ora maritima Ci- ii( iae graecas condiderunt. Atque cliam ante nos Amphia- raùs cl Tirésias , non humiles et obscur i, ncque eorum simiJes,ut apud Enniumest, Qui sui quaestus causa fictas suscitant sententias ; sed clari et praestantes viri, qui avibus et signis admonili futuradicebant. Quorum de alteroetiam apud inferos Ho- merus ait, solum sapere, celeros umbrarum vagari modo. Ampbiaraum autem sic bonoravit fama Graeciae, deus ut baberetur, atque ut ab ejns solo, in qnoest humatus, oracula peterentur. Quid ? Asiae rex Priamus, nonne et H.-lenum filium et Cassandram filiam divinanles nabebat, alterum augutiis, altérant mentis incitatione et permo- tione divina ? Quo in génère Marcios qnosdam fratres, no- bililoco natos, apud majores nostros fuisse, scriplum vi- demus. Quid ? Polyiduin Corintbium nonne Humérus et aliis rnulta, et filio ad Trojam proficiscenti mortem | diiisse commémorât ? Omnino apud veteres , qui rerum potiebantor, iidem auguria tenebant. Ut enim sapere, sic divinare rcjale ducebant, ut lestis est nostra (àvilasj in qua et reges augures, et postea piïvati , eodem sacer- dolio prœditi, rempublicam religionum auctoritate rexe- rnnt. XLf. Eaque divinationum ratio ne in barbai is quidem gentibus neglectaest : si quidem et in Gallia druid» simt . equibusjpseDivitiacum /Eduum, hospitem tuum lauda- toremque,cognovi ; quiétnaturse rationem, quam physio- logiam (iniri appellant, notam esse sibi profitebalur , et partira auguriis, partim conjectura , quae essent fulura, <li- cebat. Et in Persis augurantur et dft inant magi , qui con- gregantur in fano commenlandi causa, alque inter se col- loquendi ; quod etiam idem vos quondam facere uonis solcbatis. Nec quisquam rcx Persarum potest esse, qui non auto magorum disciplinam scientiamque perceperit. Licet autem videre et gênera quaedam , et nationes linic scienliae deditas. Telmessus in Caria est ; qua in orbe excellit aruspicum disciplina. Itemque Elis in Peloponnéso familias duas cerlas habet, [amidarum unam, alleram Cly- tidarum, arnspicinac nobilitate pnestantes. In SyriaCbal- daei cognitione astrorum, solertiaque ingeniorum antecel- lunl. Etruria autem de cœlo tacta scientissime animad- verlit ; eademque interpretatur, quid quibusque ostenda- lur monstris atque portentis. Quocirca beneapud majores nostros senatus, tum, quum Qorebat imperium, decre- it, ut de principum liliis sex sinimlis Etruria ? populisin disciplinam traderentur, ne ars tanta, propter tenuitatem