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DE LA DIVINATION, LIV I. niens l’issue malheureuse de la bataille de Leue- tres. C’est ainsi qu’on aperçut, un jour à Delphes une couronne d’herbes grossières et sauvages sur la tête de la statue de Lysandre, un des plus grands hommes de Lacédémone. Des étoiles d’or avaient été consacrées par les Lacédémoniens dans le temple de Delphes, comme un symbole de Castor et Pollux, qu’on prétendait avoir été vus de leur côté au combat naval où Lysandre avait défait les Athéniens ; ces étoiles tombèrent alors et ne se retrouvèrent plus. Mais ce fut sur- tout un mauvais présage pour les Spartiates, quand ceux qu’ils avaient envoyés consulter l’o- racle de Jupiter de Dodone sur l’issue du com- bat, ayant déjà placé devant eux l’urne où étaient les sorts, un singe, qui faisait les délices du roi des Molosses, renversa l’urne, dispersa les sorts et troubla tous les préparatifs de la cé- rémonie. Alors la prêtresse chargée de présider aux oracles répondit , prétend-on, que c’était à leur salut et non à la victoire que les Lacédémo- niens devaient songer. XXXV. Mais quoi ! dans la seconde guerre pu- nique, C. Flaminius, consul pour la deuxième fois, ne négligea-t-il pas les présages, au grand dé- triment de la république ? Comme après la revue de ses troupes et les sacrifices d’usage , il mar- chait vers Arrétium pour aller attaquer Annibal, il tomba tout à coup sans cause apparente, lui et son cheval, devant la statue de Jupiter Stator. Au mé- pris de l’opinion des gens habiles qui y voyaient un avertissement des Dieux , il persista à livrer bataille. De même lorsqu’on consulta les poulets sacrés , le pullaire conseilla de différer le jour du combat. — « Et que ferons-nous, demanda alors ’ pendant la nuit, et ayant approché une lumière 531 Flaminius, si les poulets s’obstinent à ne pas vou- loir manger ? — Nous resterons en repos , lui ré- pondit-on. — Voilà, s’écria-t il, de beaux auspices qui nous condamnent à l’inaction ou nous per- mettent d’agir, selon que les poulets sont repus ou affamés ! Qu’on lève les enseignes et qu’on me suive. » Dans ce moment le porte-enseigne de la première ligne n’ayant pu , malgré le secours de plusieurs soldats, arracher son étendard planté en terre, Flaminius averti néglige, selon sa cou- tume, ce nouveau présage. Trois heures après, l’armée était détruite et le consul mort. Durant ce combat désastreux, ajoute Célius, on ressen- tit dans la Ligurie , dans la Gaule, dans plu- sieurs îles et dans toute l’Italie, des tremblements deterresiviolentsque des villes s’écroulèrent, que la terre s’ouvrit, que des montagnes s’affaissèrent, et que l’eau des fleuves envahie par les flots de la mer remonta vers sa source. XXXVI. Les gens habiles devinent à coup sûr par le moyen des conjectures. Lorsque Midas le Phrygien était encore enfant, des fourmis amassèrent, durant son sommeil, des grains de blé dans sa bouche. On prédit qu’il acquerrait d’immenses richesses, et c’est ce qui arriva. Platon dormant dans son berceau , des abeilles se posè- rent sur ses petites lèvres. On prédit que son ta- lent oratoire serait remarquable par une singu- lière douceur. Ainsi , avant qu’il pût parler, on annonça son éloquence. Mais quoi ! Roscius, vos amours et vos délices, Roscius est-il un imposteur, ou toute la ville de Lanuvium ment-elle pour lui ? A Solone , village près de Lanuvium , où s’écoula sa première enfance, sa nourrice s’étant réveillée tiabatur. Namque et Lysandri , qui Lacedœmoniorum clarissimus fuerat, statua 1 , quae Delphis stabat, in capite corona subito exstitit ex asperis herbis et agrestibus, stcl- laeque aureae, quae Delpbis erant a Lacedaemoniis posilœ post navalem illam victoriam Lysandri , qua Atbenienses conciderunt (qua in pugna quia Castor et Pollux cum Lace- dœmoniorum classe visi esse dicebantur,eoruminsigniadeo- raiîi, stellae aureae , quas dixi , Delphis positee) , paullo aille Leucliïcam pugnam deciderunt, neque reperlœ sunt. Maxi- mum vero illud portentum iisdem Spartiatis fuit, quod, quum oraculum ab Jove Dodonaso petivissent, de Victoria sciscitantes , legatique illud, in quo ineiant sortes, collo- cavissent : simia, quani rex Molossorum in deliciis lia- bebat, et sortes ipsas, et cetera, quae erant ad sortem parala, disturbavit , et aliud alio dissipavit. Tum ea, quae praeposita erat oraculo, sacerdos dixisse dicitur, de sa- lute Lacedœmoniis esse, non de Victoria cogitandum. XXXV. Quid ? bello Punico secundo, nonne C. Flami- nius, consul iterum, neglexit signa rerum futurarum magna cum clade reipublicœ ? qui, exercilu lustrato, quum Arrétium versus castra movisset, et contra Hanni- balem legiones duceret ; elipse, etequus ejusantesignum Jovis Statoris sine causa repente concidit ; nec eam rem liabuit religioni , objecto signo, ut peritîs videbatur, ne committeret praelium. Idem quum tripudio auspicaretur, pullarius dicm prœlii committendi differebat. Tum Fla- minius ex eo quassivit, si ne postea quidem pulli pasce- rentur, quid faciendum censeret. Quum ille quiescendum res|iondisset, Flaminius : « Praeclara vero auspicia, si esurienlibus pullis res geri polerit, saturis nibil geretor. » Itaque signa convelli, et se sequi jussit. Quo tempore, quum signifer primi hastati signum non posset movere loco, necquidqiiatn proficeretur, plures quum accédèrent, Flaminius, re nuntiata, suo more neglexit. Itaque tribus bis boiis concisus exercitus, alque ipse interfectus est. Magnum illud etiam, quod addidit Cœlius, eo tempore ipso , quum hoc calamitosum fieret praelium , lantos terrœ motus in Liguribus, Gallia, compluribusque insulis, lotaque in Italia factos esse , ut multa oppida corruerint, multis locislabes factae sint, terraeque desederint, fluminaque in contrarias partes fluxerint, atque amnes mare influxerit. XXXVI. Fiunt certe diviuationum conjectura ; a peritis. Midae illi Phrygio, quum puer esset, dormienti formicas in os trilici grana congesserunt : divitissimumfore, pra> dictum est ; quod evenit. At Platoni quum in curu’s par- vulo dormienti apes in labellis consedissent, responsum est, singulari illum suavitate oralionis fore : ita futura eloqueniia provisa in infante est. Quid ? amores ac delicia 5 tuae, Roscius, num aut ipse, aut pro eo Lanuvium totum menliebatur ? qui quiim esset in cunabulis , educareturque