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10S CICERON. grossières de l’âme étant comprimées, la pre- lière, celte où réside la raison , se montrera vive . pure et brillante ; alors aussi se présen- - teront des songes calmes et véridiques. » Telles sont les paroles moines de Platon. XXX. Croirons-nous donc de préférence Epi- cure ? Carneade. il est rai. emporte par l’amour de la dispute . dit tantôt une chose et tantôt une autre. Mais que pense Épicure ? Assurément rien de noble, ni d’élevé ; et comment le placer au- ssus de Platon et de Socrate, dont l’opinion, en l’absence de toute démonstration, l’emporte- rait encore sur celle de tous ces petits philosophes ment leurs fautes. Pour prouver que les mourants sont doués de l’esprit de divination, Posidonius rappelle l’exemple de ce Rhodien qui, à son lit de mort, cita six de ses contemporains, et déter- mina l’ordre dans lequel chacun d’eux le suivrait au tombeau. Ce mémo philosophe pense que les songes nous viennent des Dieux de trois manières différentes : la première , lorsque l’esprit prévoit de lui-même, en vertu de son affinité avec les Dieux ; la seconde, lorsqu’il communique avec les âmes immortelles qui remplissent l’air et qui portent, pour ainsi dire, l’empreinte de la vérité ; la troisième, quand les Dieux daignent converser par sa seule autorité ? Ainsi Platon veut que nous j avec nous daus le sommeil. Comme je lai dit, l’approche de la mort facilite la connaissance de l’avenir. De là la prédiction de Calanusdéja citée, et celle d’Hector qui, selon Homère, annonce en mourant la fin prochaine d’Achille. Si rien de semblable n’existait, l’usage n’au- rait pas consacré ces locutions, « Quand je sortis nous préparions au repos par un régime qui mette nos esprits a l’abri du trouble et de l’erreur. On croit même que Pythagore n’interdit a ses disciples l’usage des fèves que parce que cet ali- ment îhtutux est contraire à la tranquillité de l’esprit et à la recherche delà vérité. Ainsi donc, lorsque l’esprit est séparé par le sommeil du com- merce et de la contagion du corps , il se souvient dupasse, aperçoit nettement te présent et prévoit l’avenir. Notre corps, pendant le sommeil, gît inerte comme un cadavre ; notre esprit au con- traire est plein de vie et de force, moins cepen- dant qu’après la mort, ou il sera tout a fait dégagé de son enveloppe. Aussi plus ce moment appro- che, plus notre esprit participe de ladivinité. Ceux qui sont frappés d’une maladie grave et mortelle ne prevoient-ilspasleur dernier instant ? Souvent, à ce momentsuprème, ils aperçoivent les images de ceux qui ne sont plus ; alors ils s’efforcent de se rendre dignes d’estime ; alors aussi ceux qui ont vécu autrement qu’ils ne devaient pleurent amère- « lincta : tnm eveniet, dnabus animi temerariis partibus « conipre--is , ut illatertia pars raiiouîset mentis eluceat, • getam ad somniandum acremqae prœbeat ; tum et visa quielis occurrent tranquilla atque veracia. » i : • ; verba ip>a Platonis expressi. XXX. Epicurum igitur aodiemos potias ? namque Car- net ertationis studio, modo ait hoc, modo illud. At ille quid s. r»iit ? Sentit autem nilu ! unquam elegans, uihil décorum. Hune ergo anlepones Platoni et Socrati ? qui ut rationem ri'>n reddetc&l , aoctoritate lamen bos mi- nai npbos vneerent. Jobet igitur Plato,sic ad ■oraaom proticisâ eorporibns aiicc !:^. atnibil sit,quod , ammis.perturbationemque afferat. Ex qooetiam Pytbagoricis inierdictum putaïur, ne faba rescerentor, quod habet iaBatioBem magnam is cibae, tranqoillitati nv- DtrariaauQaamergoestsoamo recai» animas a soeàetate h a cootagioaeeorporis, lummemimtprateiitwum.pra-’sentiacernil.futura praevi- «posdorraientis, ntmortui,viget autem et vhit animus. Quod molfo etportmortem, quum omninocorpore exresserit. Itaque appropinqu morte mulloestdivininr.Nam et id ipsurn vident, qui . 1 et mort. ti,instare raortem. Itaqu* : omn-runt plerurnque imagines morluorum ; Uunque ve : tndest ; eosqae q ,quamdeenit, Useront, ; eceatoram suorumt’jmmaximf-po-nitet. Uni- de la maison, je pressentais que je sortais en vain. » Sar/ire, c’est sentir avec pénétration. Aussi appelle-t-on sagœ les vieilles qui veulent tout savoir ; de même les chiens passent pour sa- gaces. Celui qui prévoit [sarjit) un événement avant qu’il n’arrive est dit présager, c’est-a-dire pressentir l’avenir. XXXI. Il y a donc dans nos âmes une faculté de pressentir qui nous vient du dehors, et que les Dieux ont mise en nous. Lorsque notre esprit séparé de la matière est brûlé d’un divin enthou- siasme, cette faculté vivement excitée s’appelle fureur. « Mais quoi ! cette jeune fille naguère si sage, cette vierge si modeste, lance tout à coup des regards ardents et égarés mon excellente nare autem morientes, etiam illo exemplo confirmât Posi- donius, quoaffert, Hliodiiiinqucindammorientemsex squa- les nommasse, et dixisse, qui primas eorum, qni secon- das, qui deinde deînceps morilurus esset. Sed tribus mo- llis censet deorum appul.su homines somniare : uno , quod pnevideaf animas ipse per sese, quippe qui deorum cogna- tione leneatur ; altero, quod plenus aer sit immortalium anunorum, in quibll^tanqnaminsignita , noiœ verilatis ap- partint ; tertio quod ipsi dii cumdormientibns colloquan- tnr. Idque, ut modo dixi , facilius evenit appropinquante morte , at animi futnra augurentur. Ex quo et illud est Calani, de qui ante dixi , et ilomeriri Hectoris, qui mo- riens propioquam Acbilli mortem dennnliat. Ne pie eiiiin Ulud verbum temere consuetudo approba- visset, si ea res nulla esset omnino : Praesagibat animus , frustra me ire, quumexiremdomo. Sagire enim , sentire acute est : ex quo saga’ anus , quia multaecire volunt ; et sagacesdicti canes. Is igitur, qui ante sagil, quamoblata res est, dicitur pra ;sa-iie, id est, fulura ante sentire. XXXt. Inest igitur in animis prasagitio extrinsecus in- jecta, atque inclasa divinitus. Ea si exarsit acrius, furor appellatur, quum acoiporc animus abslractusdivino ins- tinctu concitatnr. I ilis rature visa est derepente ardentibus ?