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DE LA DIVINATION , LIV. I. J 97 savants d’Asie m’annoncèrent tout ce qui est ar- I XXIX. Mais il y en a beaucoup de faux, dî- rivé dans la suite. Voici maintenant votre songe sons mieux, d’obscurs pour nous. Admettons qu’il que vous m’avez raconté vous-même, et dont Sal luste notre affranchi m’a parlé plus souvent en- core. Durant cette fuite si glorieuse pour nous, si cruelle pour la patrie, vous vous arrêtâtes dans une maison de campagne aux environs d’A- tina, où il vous arriva, après avoir veillé une grande partie delà nuit, de vous endormir vers l’aurore d’un sommeil profond et pesant. Quoi- qu’il n’y eût point de temps à perdre, vous fîtes faire silence , et défendîtes de troubler votre re- pos. Réveillé vers la seconde heure du jour, voici le songe que vous racontâtes à Salluste. Vous er- riez tristement dans un bois solitaire, lorsque Marius, précédé de faisceaux couverts de lauriers, vous demanda la cause de votre tristesse. Vous lui répondîtes que la violence vous chassait de votre patrie. Alors, vous prenant par la main, il vous souhaita bon courage , et ordonna au lic- teur le plus proche de vous conduire dans son monument , ajoutant que vous y trouveriez votre salut. Aussitôt Salluste, selon ce qu’il m’a ra- conté, s’écria que votre retour serait aussi prompt que glor’eux , et il sembla même que ce songe vous avait fait plaisir. Ce que je sais du moins , c’est que peu de temps après , à la nouvelle que le magnifique sénatus-consulte qui décrétait vo- tre retour avait été rendu dans le monument de Marius, sur le rapport du meilleur et du plus illustre consul, et qu’une foule immense l’avait accueilli au théâtre avec un concert d’applaudis- sements et d’acclamations joyeuses, vous vous écriâtes : Non, rien n’est plus merveilleux que le songe d’Atina ! y en ait quelques-uns de faux, qu’avons-nous à opposer aux vrais ? et ceux-ci seraient bien plus nombreux si nous nous endormions plus sains. Mais, chargés de vin et de nourriture, nous n’a- vons que des visions troubles et confuses. Voyes ce que dit Socrate dans la République de Platon. ’< Tandis que pendant le sommeil cette partie de « l’âme qui est le siège de l’intelligence et de la « raison ianguit assoupie, l’autre partie, composée « d’éléments plus matériels et plus grossiers, abru- « tie par des excès de nourriture et de boisson, se « trouve dans un état d’excitation et de délire. En « cette absence de la raison et de l’intelligence, « elle est assiégée devisions nombreuses : ainsi « on croit avoir un commerce honteux avec sa « mère, ou bien avec un homme, ou avec un Dieu, « ou même avec une bête. On s’imagine assassi • « ner quelqu’un, se baigner dans le sang innocent, « sans que la crainte ou le remords nous arrête « dans cette carrière d’infamie. Mais si celui qui « se livre au repos a contracté des habitudes de « sobriété et de modération ; sicette partie de l’âme, « qui est le siège de la raison et de l’intelligence, « est maintenue à un certain degré d’élévation et « d’activité, et comme saturée de bonnes pensées, - « si, en même temps, cette autre partie qui se « nourrit de volupté n’est anéantie ni par le be- « soin ni par la satiété (car le besoin ou la trop « grande abondance sont deux extrêmes qui « ôtent à l’esprit sa vigueur et sa pénétration), et « que de plus cette troisième partie de l’âme ou « s’allume la colère soit calme et apaisée : alors « il arrivera que les deux portions inférieures et tum te repente ketum exstitisse, eodemqueequo adversam adscendisse ripam, nosque inter nos esse eomplexos. Facilis conjectura liujus somnii ; mihique a perilis in Asiaprse- dictum est, tore eos éventas rerum , qui acciderunt. Ye- nio nunc ad tuuro. Audivi equidem ex te ipso, sed milii saepius noster Sallustius narravit : quum in illa fuga, nobisgloriosa, patriœ calamitosa, in villa quadam campi Atinatis maneres , magnamque partemnoctis vigilasses, ad lucem denique arcte et graviter dormitare cœpisse. Ita- que, quanquani iter instaret, te tamen silentium fieri jussisse, neque esse passum te excitari ; quum autem ex- perrectus esses hora secunda 1ère , te sibi somnium narra- yisse : visum libi esse, quum in locis so’is mœstus erra- res, C. Marium cum fascibus laureatis quaererc ex te, quid tristis esses , quumque tu te tua patria vi pulsum esse dixisses, prehendisse eum dextram tuam , et bono animo te jussisse esse, lictorique proximo tradidisse, ut te in monumentum suum deduceret ; et dixisse , in eo tibi sa- lutein fore. Tum et se exclamasse , Sallustius narrât, re- ditum tibi celerem et gloriosum paratum, et te ipsum ■visum sonrnio delectari. Nain illud mini ipsi celeriter nun- tiatumest, ut audivisses, in monumento Marii de tno reditu magnilicentissimum illud senatusconsullnm esse fuctum , referente oplimo et clarissimo viro consule , idque fi^quentissipio tliealro, incredibili clamore et plaus.u comprobatnm , dixisse te , niliil illo Atinati somnio fieri posse divinius. XXIX. At muita falsa. Imo obscura fortasse nobis. Sed sint falsa quaedam ; contra vera quid dicimus ? qiue quidem mullopluraevenirent, si ad quietem integri iremus. Nunc, onusli cibo et vino, perturbata et confusa cernimus. Vide, quid Socrates in Platonis Politia loquatur. Dicit enim, « Quum dormientibus ea pars animi, qua ; mentis et ra- ie tionis sit particeps, sopita langueat ; illa autem, in qua » feritas quaedam sit,atque agreslis immanitas, quum sit « immoderato obstupefacla potu atque paslu, exsultare « eam in somno immoderateque jactaii. Itaque liuic oui- « nia visa objiciuntnr, a mente ac ratione vacua : ut aul « cum matre corpus miscere videatur, aut cum quovis « alio velhomine, vel deo, saepebellua ; atque etiam tru- ie cidave aliquem et impie cmentari , multaque facere « impure atque tetre, cum temeritate et impudentia. At « qui salubri et moderato cullu atque victu quieti setra- « diderit, ea parte animi , «pue mentis eteonsilii est , agi- « tata et erecta, saturataque bonarum cogitationum epulis ; « eaque parte animi, quœ voluptate alitur, nec inopia « enecta , nec satietate afilucnli ( quorum utrumque prae- « stringere aciem mentis solet , sive deest nature quip- « piam, sive abuudat atque afiluit) ; illa etiam tertia parte « animi , in qua iraruni exsislit ardor, sedata atque t^*.