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DE LA DIVINATION, LIV. I. 135 nos annales, qu’il lui avait été prédit en songe qu’il mourrait couvert de gloire au milieu des en- nemis de sa patrie. Cette fois il réussit à dégager l’armée sans perdre la vie. Mais trois ans après, étant consul , il se dévoua en se précipitant tout armé au milieu des Latins. La défaite des enne- mis fut le prix de la mort de Décius, mort si glo- rieuse qu’elle fut pour son fils un exemple qu’il brûlait d’imiter. Examinons maintenant, s’il vous plaît, les songes des philosophes. XXV. Nous lisons dans Platon que Socrate, détenu dans la prison publique, dit à son ami Criton qu’il mourrait dans trois jours, parce qu’il avait vu en songe une femme d’une beauté ra- vissante qui, l’appelant par son nom, lui avait cité ce vers d’Homère : « Le troisième jour d’un vent heureux, tu gagneras Phthie. » On sait que l’évé- nement confirma la prédiction. Xénophon le so- cratique ( quel grand homme et quelle autorité ! ) enregistra soigneusement ses songes, aussi bien que les faits merveilleux qui les confirmèrent, durant sa célèbre expédition avec le jeune Cyrus. Taxerons-nous donc Xénophon de meusonge ou de folie ? Bien mieux, cet Aristote, homme doué d’un génie rare et presque divin, se trompe-t-il lui- même, ou veut-il tromper les autres, quand il rap- porte que son ami Eudémus de Cypre, se dirigeant vers la Macédoine, vint à Phères, célèbre ville de Thessalie,soumisealorsaladominationcruelledu tyran Alexandre ; et que là, étant tombé si grave- ment malade que les médecins désespérèrent de sa vie , il vit en songe un jeune homme au visage noble qui lui annonça une prompte convales- cence, ajoutant que le tyran Alexandre mour- raitdans peu de jours, et que pour lui, Eudémus, il reverrait sa patrie après un espace de cinq ans ? La première partie de cette prédiction, remarque Aristote, ne tarda pas à s’accomplir : Eudémus guérit ; le tyran fut tué par les frères de sa femme. Mais durant la cinquième année, comme on es- pérait, d’après le songe, qu’Eudémus allait re- venir de Sicile dans l’île de Cypre , on apprit qu’il avait été tué les armes à la main dans un com- bat près de Syracuse ; ce qui donna lieu d’inter- préter autrement le songe, et de dire que quand l’esprit d’Eudémus était sorti de son corps, il était retourné dans sa véritable patrie. A l’autorité de ces philosophes ajoutons celle d’un homme profond, d’un poète divin, de Sophocle, qui vit en songe Hercule lui dénonçant le voleur cou- pable d’avoir dérobé dans son temple une coupe d’or d’un grand poids ; deux fois de suite le poète négligea un semblable avis , mais , averti de nou- veau, il monta à l’Aréopage et relata ce qui lui était arrivé. Aussitôt lesaréopagites firent arrêter celui que Sophocle avait désigné. Le prévenu, mis a la question , confessa le vol et rendit la coupe. Df ; là vient le nom du temple d’Hercule Accusateur. XXVI. Laissons là les Grecs. Je ne sais que ! attrait nous ramène à notre propre histoire. Voici un fait sur lequel tous nos annalistes, les Fabius, les Gellius,et plus nouvellement Célius, tombent d’accord. Pendant la célébration des premiers grands jeux votifs, à l’époque delà guerre Latine, la ville fut subitement appelée aux armes. On ordonna plus tard la célébration d’autres jeux, pour remplacer ceux qui avaient été ainsi inter- rompus. Avant de les commencer , et les specta- sum esse, quum in mediis liostibus versaretur, occidere cum maxima gloria. Et tnm quiilem incolumis exercitum obsidione liberavit. Post triennium autem , quum consul esset , devovil se , et in aciem Laliiioruni irrupit armatus. Quo ejus facto superati sunt et deleti Latini : cujus mors ita gloriosa fuit, ut eamdem concupisceret lilius. Sed venia- mus nunc, si placet, ad somnia pbiîosophorum. XXV. Est apud Platonem Socrates , quum esset in cus- todia publica , dicens Ciïtoni , suo familiari , sibi post ter- tium diem esse moriendum , vidisse se in somnis pulchri- tudine eximia feminam, quse se nomme appellans, diceret llomericum quemdam ejusmodi versum : Tertia te Phthiœ tempeslas laeta locabit. Quod ut est dictum, sic scribitur conligisse. Xenopbon Socraticus , qui vir et quantus ? in ea militia , qua cum Cyro minore perfunctus est , sua scribit somnia ; quorum even- tus mirabiles exstiterunt. Mentiri Xenophontem , an deli- rare dicimus ? Singulari vir ingenio Aristoteles , et pâme divino , ipsene errât, an alios vult errare ? quum scribit , EudemumCyprium, familiarem suum, iterin Macedoniam facientem, Plieras venisse, quœ erat urbs in Tbessalia tum admodum nobilis, ab Alexandro autem tyranno crudeli dominatu tenebatur ; in eo igituroppidoitagraviteraegrum Eudemum fuisse, ut omnes medici diffideriut ; ei visum in quiète egregia facie juvenem dicere, fore, ut perbrevi con- valesceret, paucisque diebus interiturum Alexandrum ty- rannum, ipsum autem Eudemum qumquenniopostdomum esse rediturum. Atque ita quidem prima statim, scribit Aristoteles, consecuta ; et convaluisse Eudemum ; et ab nxoris fratribus interfectum tyrannum ;quintoaulem anno exeunte , quum esset spes ex illo somnio, in Cyprum il- tum exSicilia esse rediturum , prœliantem eum ad Syracu- sas occidisse : ex quo ita illud somnium esse inlerpreta- lum , ut , quum animus Eudemi e corpore excesserit , tum domum reverlisse videatur. Adjungamus philosopbîs doc- tissimum bominem , poetamquidemdivinum,Soplioclem : qui , quum ex aede Herculis patera aurea gravis surrepta esset, in somnis vidit ipsum deum dicentem , qui id fecis- set. Quod semel ille , iterumque neglexit. Ubi idem sw- pius , adscendit in Areopagum ; detulit rem. Areopagitae comprebendi jubent eum , qui a Sopbocle erat nominatus. Is, quas^tione adbibita, confessus est, pateramque retulit. Quo lacto, fanum illud Indicis Herculis nominalum est. XX.YI. Sed quid ego GrsecorumPNescio, quo modo me magis nostra délectant. Omnes boc bistorici, Fabii , Gel- lii,secl proxime Cœlius. Quum bello Lalino ludi votivi maxime primum fièrent , eivitas ad arma repente estexci- tata. Itaque,ludisintermissis, instaurativi constitutisunt. Qui antequam fièrent , quumque jam populus coDsedisset, servus percircum, quum virgis caederetur, furcam ferens 13.