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t’J4 CICEUON. c’est ce qui arriva a ce prince, qui, monte sur le trône à quarante ans , en avait soixante-dix lorsqu’il mourut. Les nations barbares connais- sent elles-mêmes en partie les pressentiments et la divination. L’Indien Calanus, montant sur un bûcher ardent, s’écrie : « le bel adieu a ia x ie ! Ce corps périssable consumé comme celui d’Hercule, mon âme s’élèvera vers le séjour de la lumière. Alexandre lui demandant s’il avait encore quelque chose a dire : •> Oui , répondit-il ; nous nous reverrons avant peu. » Et quelques joursaprès Alexandre meurt à Babylone. .le laisse de côté les songes, sauf a y revenir bientôt. On que la nuit même de l’incendie du temple de Diane d’Ephèse, Olympias mit au monde Alexandre, et que le lendemain, au point du jour, les mages s’écrièrent que cette, nuit-là étaient nés le malheur et le fléau de l’Asie. Voilà pour les Indiens et les mages. Revenons aux songes. XXIV. Cflius raconte qu’Annibal, voulant enlever une colonne d’or qui ornait le temple de Junon Lacinienne, la fit sonder pour savoir si elle était d’or massif ou seulement dorée. Se- tant assure qu’eile était entièrement d’or, il ré- solut de l’enlever, lorsque Junon lui apparut en songe et lui défendit d’exécuter son projet, le me- naçant, dans ce cas, de lui faire perdre le seul œil qui lui restait. Cet homme plein de pénétration ne négligea pas cet avis, et de l’or, extrait par l’opération du sondage, il ordonna de faire une petite génisse et de la placer sur le sommet de la colonne. Voici ce qu’on lit de plus dans l’his- toire grecque de Silénus, à qui nous devons une vie complète d’Annibal , et qui a servi d’autorité à Celius. Annibal, après la prise de Sagonte, rêva que Jupiter l’ayant introduit dans le conseil des Dieux , lui ordonnait de porter la guerre en Ita- lie, et lui donnait avec cet ordre un des Dieux pour le conduire. 11 lui semblait que s’étant mis en marche avec son armée, le Dieu qui le guidait lui avait défendu de regarder en arrière ; mais que, emporté par la curiosité, il avait violé cette défense. Alors un animal féroce lui avait apparu. Ce monstre , entouré de serpents , renversait par- tout sur son passage les arbres, les buissons et les maisons. Annibal, frappé d’étonnement , ayant demandé quel était ce monstre, le Dieu lui avait repondu que c’était le fléau dévastateur de l’Ita- lie ; que, du reste, il marchât en avant, sans s’inquiéter de ce qui se passerait derrière lui. Nous lisons aussi dans l’historien Agathocle que le Carthaginois Hamilcar crut entendre uue voix lui annonçant qu’il souperait le lendemain dans la ville de Syracuse, qu’il tenait alors assiégée. Or, le lendemain les Syracusains ayant appris qu’une sédition violente avait éclaté dans le camp des Carthaginois et des Siciliens, attaquè- rent les assiégeants à l’improviste, et enlevèrent Hamilcar vivant. L’événement justifia ainsi la prédiction. Les histoires des peuples et la vie des hommes sont remplies de semblables exemples. Sous le consulat de M. Valériusetd’A. Cornélius, P. Déciusfils de Quintus, et le premier consul de la famille des Décius, alors simple tribun dans l’armée romaine, laquelle était étroitement pres- sée parles Samnites, n’écoutait que son audace et s’exposait aux plus grands dangers. A ceux qui lui conseillaient la prudence, il répondit, selon anno* regnare ccr-pisset. Est profecto quiddam eliam in barbaris uenlibus pra-sentiens atque divinans : siquidem ad mortem proficiscens Calanus Indus , quum adscenderet in rf ’pim ardentem , « O pra ?claium distessum , in(juit,e vita ! quum, ut Herculif onti^it , mortali corpore cremato, ialuœm animus excesserit » Quumque Alexander cum ro- garet, si quid vellet , ut diceret : « Optime, inquit ; pro- p.diera te videbo. » Quod ila contigit : nam Iîabylone pau- • i~ post diebus Alexander est mnrtuus. Discedo parumper a soroniis ; ad quae inox revertar. Qua nocte leraplum Epbe- Diana ? defiagravit , eadem constat ex Oh mpiade natum esse Alexandruni , atque , ubi lucere cœpisset, clamitasse jnagos, pestem ac perniciem Asiaj proxima nocte natam. Haec de Indis et magis. Redeamus ad somnia. XXIV. Hannibalem Cœlius scribit , quum colamnam au- n, qui£ esset in fano Junonis Lacinia-, au ferre vellet, dubitaretque , utrurn ea solida esset , an extrinsecus inau- rata, perterebravisse ; quumque solidam invenissel , sta- tuissetque tollere, ei secundum quielem visam esse Juno- nem pra^liceie, nr- id faceret, minarique, si id fecisset, ’uraturarn , ut eam quoque oculum , quo bene vident, amitteret ;idqoeab bomineaculo non esse negleclum : ita- que pxeoauro , quod f-xterebratum esset, buculam curasse •ndam, et eam in Buuuna columna collocavisse. Hoc ilem in Sileni, quem Cœlius sequitur, Graeca historia esl ; . atUemdUigenn’ssimeresHannibalis persécutas est : Han- nibalem , quum cepisset Saguntum , visurn esse in somnis a Jove in deorum concilium vocari ; quo quum venisset, Jovem imperasse, ut Italirç belïum inferret, ducemque ei niiiim <• concilio datum ; quo illum utenlem, cum exercitu progredi cœpisse, lum ei dueem illum proccepisse, ne res- piceret ; illum autem id diutias facere non poluisse, ela- tunique cupiditate respexisse ; tum visam belluam vastam et immanem , circumplicatam serpenîibus, quacumque in- cederet , omnia arbusta , virgulta , tecta pervertere ; et eum admii aluni qu&sissededeo, quodnam illud esset taie mons- trum ; et deum respondisse , vaslilatem esse Italiae, piœ- < episseque, ut pergeret protinus ; quid rétro atque a tergo tieret , ne laboraret. Apud Agatboclein scriplumin bistoria est, Ilamilcarem Carlhaginieusem , quum oppugnaret Sy- racusas, visurn esse audire vocem , se postridie coenatu- rum Syracusis ; quum autem is dies illuxisset, magnam se- dilionem in castiis ejus inter Pa-nos et Siculos milites esse factam ; quod quum sensissent Syracusani , improviso eos in castra irrupisse, Hamilcaremque ab iis vivum esse sub- lalum. Ita res somnium comprobavit. Plena exem])lorum est bistoria, tum referta vita comrounis. At vero P. IJecius ille, Q. F., qui prunus e Deciis consul fuit, quum esset tiibunus militum M. VaIeiio,A. Cornelio consulibus, a Samnitibusque premerctur noster exercitus, quum peri- cola praeliorum iniret aiidacius,moneretiirque,utcautior «esetj dixit, quod cxslat in aunalibus : sibi in soumis vi-