Page:Cicéron - Œuvres complètes Nisard 1864 tome 4.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA DIVINATION, UV. I. Priam élevait le premier enfant qui lui naîtrait, cet enfant serait cause de la destruction de Troie et du royaume de Pergame. » Je le répète, ce sont là des songes poétiques, et on doit y join- dre le songe d*Énée tel qu’il est raconté dans les annales grecques de Numérius Fabius Pictor, et où se trouvent comprises d’avance toutes les ac- tions et toutes les aventures, la vie entière du héros troyen. XXII. Citons des exemples moins éloignés de nous. Que devons -nous penser du songe que Tarquin le Superbe raconte lui-même dans le Brutus d’Attius ? « Sollicité par la nuit et la fa- tigue, je m’étais livré tout entier aux douceurs d’un sommeil rafraîchissant. Je vis en songe un berger qui m’amenait deux béliers de même race, et remarquables parla beauté de leur toison. J’im- mole le plus beau ; son compagnon m’attaque alors de ses cornes, et, me heurtant avec violence, il me jette à terre du premier coup. Renversé, blessé, je me relève avec peine , lorsque j’aperçois dans le ciel un prodige nouveau. L’orbe radieux du soleil changeant de carrière dirigeait sa course vers la droite. « Voici l’interprétation de ce songe donnée par les devins. « roi , il n’est pas éton- nant que les soins , les occupations , les pensées , les actions qui remplissent la vie du commun des hommes, deviennent l’objet de leurs songes ; mais les vôtres ont une plus grande importance : dé- fiez-vous donc de votre ennemi ; prenez garde m qu’il ne cache sous un extérieur inoffensif la sa- gesse et le courage , et qu’il ne réussisse ainsi a vous chasser de votre royaume. Quant au phéno- mène dont vous avez été témoin , il présage un changement prochain au peuple. Qu’il assure la prospérité de Rome ! Le soleil se dirigeant de la droite vers la gauche est un signe heureux , un magnifique présage des hautes destinées promises à la république romaine. » XXIII. Revenons maintenant aux exemples étrangers à notre histoire. Héraclide de Pont, homme docte, disciple formé par Platon lui-même, rapporte que la mère de Phalaris vit en songe les statues des Dieux consacrées par Phalaris dans sa maison ; qu’il lui semblait, dans son rêve, que Mercure répandait du sang d’une patère qu’il tenait dans sa main droite, et que ce sang, en touchant la terre, rejaillissait de telle sorte que toute la maison en était inondée. L’a- troce cruauté du fds ne vérifia que trop bien le songe de sa mère. Dois-je vous citer l’histoire de Perse, de Dinon , et l’interprétation d’un songe du roi Cyrus par ses mages ? Cyrus, rapporte cet écrivain, vit en songe le soleil à ses pieds ; trois fois il étendit les mains pour le saisir, et trois fois le soleil se roulant échappa à ses at- teintes. Les mages, qui forment en Perse un collège de savants et de sages, répondirent que les trois tentatives pour saisir le soleil présa- geaient que Cyrus régnerait trente années, et Visa est iu somnis Hecubu : quo faclo pater Rex ipse Priamus, somnio mentis melu Perculsus, curis sumtus suspirantibus Exsacriiicabat hostiis balantibus. Tum conjecturera postulat, pacem petens, Ut se er’oceret obsecrans Apollinem , Quo se e vertant tantœ sortes somnium. Ibi ex orado voce divina cdklit Apollo ; puerum, primus Priamo qui foret Post illa natus , temperaret tollere ; Eum esse exilium Trojœ , pestera Pergamo. Sint hsec, ut dixi, somma fabularum ; bisque adjungalur etiam JEneœ somnium : quod in Numerii Fabii Picloris Gratis annalibus ejustnodi est, ut omnia, quœ ab /Enea gesta sunt, quaeque illi acciderunt, ea fuerint, quœ ei secundum qnietem visa sunt. XXII. Sed propiora videamus. Cujusnam modi est Su- perbi Tarquinii somnium, de quo in Bruto Attii loquitur ipse ? Quum jam quicti corpus nocturno impetu Dedi, sopore placans artus languidos ; Visum est in somnis pastorem ad me appel 1ère , Duos consanguineos arieles inde eligi, Pecus lanigerum eximia pulchritudine, Prœclarioremque alterura immolare me ; Deinde ejus germanuni cornibus connitier In me arietare , eoque ictu me ad casum dan ; Exin prostratum terra graviter saucium , Reisupinum , in cœlo contueri maximum ac Mirilicum facinus ; dextrorsum orbem flammeum Radiatum solis liquier cursu novo. Ejus igitur somnii a conjectoribus quae sit inlerpretatio farta, videamus : CIOÉROX. — TO^iT IV. Rex , quœ in vita usurpant homines , cogitant , curant, vi- dent, Qnaequeagunt vigilantes, agitantque, ea sicui in somno ac- cidunt, Minus mirum est ; sed in re tanta baud temere visa se of- ferunt. Proin vide, ne, quem tu esse hebetem députes œque ac pe- cus, Is sapientia raunitum peclus egregium gernf , Teque regno expellat. Naia id, quod de sole ostentum est tibi, Populo commutationem rerum portendit fore Perpropinquam : hœc bene verruncent populo. Nam quod ad dexteram Cepit cursum ab beva signum praepotens ; pulcherrime Auguratum est , rem romanam publieam summam fore. XXIII. Age ruine ad externa redeamus. Matrem Phala- ridis scribil Ponticus Heraclides , doctus vir, auditor et dis» cipulus Platonis, visam esse videre in somnis simulacra deorum, quae ipse Phalaris domi consecravisset ; ex his Mercurium e patera, quam dextra manu teneret, sangui- nem visum esse fundere ; qui quum teriam attigisset, re- fervescere videretur sic , ut tota domus sanguine redun- daret. Quod matris somnium immanisfilii crudelitas com- probavit. Quid ego , quœmagi Cyro illi principi interprétât]" sunt, ex Dinonis Persicis libris proferam ? Nam quum dor- mienli ei sol ad pedes visus esset, 1er eum , scribit , frus- tra appelivisse manibus, quum se convolvens solelabere- tur, et abiret : ei magosdixisse (quod genus sapientum et doctorum habebatur in Persis), ex triplici appetitione solis , xxx annos Cyruna regnaturum esse , porlendi. Quodila contigit : nam ad septuagesimnm pervenit , quum xl natus 1 ?