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NOTES SUR LE TRAITÉ DE LA NATURE DES DIEUX.

qui, tout frivoles qu’ils sont, ne le sont pas autant que les discours des Stoïciens sur la nature des Dieux. On en demeura là : nous nous quittâmes, Velléius jugeant que la vérité était pour Cotta ; et moi, que la vraisemblance était pour Balbus.



NOTES SUR LE TRAITÉ

DE LA NATURE DES DIEUX.

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LIVRE PREMIER.

I. Causam, idest, principium philosophiœ, esse scientiam. Orelli reçoit dans son texte, au lieu de scientiam, inscientiam, leçon qui est donnée par un manuscrit que beaucoup d’excellents critiques ont adoptée, que M. Le Clerc a introduite dans son édition et sa révision, et qu’une saine interprétation doit admettre comme la seule conforme à l’esprit philosophique de Cicéron. La vraie pensée de l’auteur est « qu’au milieu de tant de contradictions sur une question si grave, il apprend clairement que le fondement, le principe de la philosophie, est de savoir douter et ignorer. » C’est la devise des Académiciens, devise parfaitement justifiée, il faut en convenir, en matière de théologie, par la diversité incroyable des opinions dont Cicéron se fait l’historien, et la faiblesse, pour ne pas dire l’absurdité de la plupart des systèmes anciens.

Diagoras Melius et Theodorus Cyrenaicus. On dit que ce qui jeta Diagoras dans l’athéisme, ce fut de voir que les Dieux souffraient la prospérité d’un homme, qu’il savait être coupable, les uns disent de lui avoir dérobé un poème, les autres de lui retenir un dépôt. Quoi qu’il en soit, les Athéniens mirent sa tête à prix. Digne fin d’un athée. D’Ol. — Diagoras était de Mélos, l’une des Cyclades, et non pas de Mélia, ville de Carie. — Théodore écrivit contre l’existence des Dieux. La morale était digne d’un athée ; car il enseignait que tout est indifférent : qu’il n’y a rien qui de sa nature soit crime ou vertu. Son impiété lui fit des affaires partout où il se trouva, et il fut enfin condamné à s’empoisonner. D’Ol.

III. De libris nostris, quos complures brevi tempore edidimus. C’est de ses livres philosophiques qu’il veut parler. Il les composa les trois dernières années de la vie, et ce ne furent pas même les seuls ouvrages qu’il fit durant ce temps-là. Quand il fil ces entretiens sur la nature des Dieux, il courait la soixante-troisième année de son âge, qui était l’an de Rome 709. D’Ol.

Diodotus, Philo, Antiochus, Posidonius. Diodotus et Posidonius étaient Stoïciens. Philon et Antiochus étaient Académiciens, mais ce dernier à la fin pencha davantage pour les Stoïciens. D’Ol.

IV. Eam unius consilio atque cura gubeniari. Par Jules César.

Fortunœ magna et gravi commota injuria. Comme il vient de toucher déjà la décadence de la République, on croit que ceci regarde la mort de sa fille Tullie, qu’il perdit l’an de Rome 708. D’Ol. — C’est à l’occasion de cette mort qu’il composa sa Consolation philosophique, ouvrage perdu pour nous, et dont Cicéron parle souvent, surtout dans les Tusculanes.

V. Profecta a Socrate, repetita ab Arcesila, confirmata a Carneade. Voilà les trois époques de l’Académie. Par rapport au temps de Platon et à l’état où elle parut d’abord, elle se nomme la vieille Académie ; par rapport au temps d’Arcésilas et à l’état où elle fut rétablie, la moyenne ; par rapport au temps de Carnéade et à l’état où elle fut confirmée en dernier lieu, la nouvelle. C’est par ces trois épithètes qu’on distingue pour l’ordinaire les temps et les variations de l’Académie. D’Ol.

Dictum est hoc de re alio loco. Dans ses Questions Académiques, ii, 31 et suiv.

VI. Est ille in Synephebis. Les Synéphèbes ou les jeunes camarades, étaient une comédie grecque de Ménandre, traduite ou imitée en latin par Cécilius, qui est appelé Statius dans le texte. D’Ol.

Quid de templis, delubris, sacrificiis. Il y a dans le texte, delubris. Mais nous n’avons point de mots en notre langue pour distinguer templum et delubrum, à moins de rendre ce dernier par chapelle. J’ai mieux aimé placer ici un équivalent. D’Ol.

Quum apud C. Collam familiarem meum. Caïus Aurélius Cotta, pontife. C’est un bel esprit qui, en qualité d’Académicien, prend à tâche d’embarrasser les autres interlocuteurs, et se joue de toute opinion sans donner à connaître la sienne. D’Ol.

Quum feriis latinis adeum. Pour avoir une idée des fériés latines il faut consulter les lettres à Alticus, i, 8.

Cum C. Velleio senatore. Caïus Velléius, tribun du peuple l’an de Rome 663.

C. Lucilius Balbus. Ce Balbus avait eu pour maître Panétius.

VII. M. enim Piso si adesset. Pison le péripatéticien, dont parle Cicéron dans son livre de Claris Oratoribus, et qui expose la philosophie morale du Lycée dans le cinquième livre de Finibus.

VIII. Ex Epicuri intermundiis. Épicure voulait qu’il y eût des mondes innombrables, et il appelait inter mondes les espaces qu’il se figurait entre un monde et un autre. C’est là qu’il faisait habiter les Dieux, tanquam inter duos lucos, sic inter duos mundos, propter metum ruinarum, dit plaisamment Cicéron, de Divin, ii, 17. D’Ol.