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CICÉRON.

tarde ; elle cesse en certains temps de paraître le soir, pour reparaître ensuite le matin :  ; et, régulière dans ses changements, c’est toujours dans chacune de ses révolutions le même ordre depuis des siècles infinis. Au-dessous de cette planète, et plus près de la terre, roule celle de Jupiter, qui parcourt le zodiaque en douze ans, et dont les apparences sont les mêmes que celles de Saturne, dans la sphère qui suit immédiatement celle de Jupiter, est la planète de Mars, qui fait le tour du zodiaque en vingt-quatre mois, si je ne me trompe, moins quatre jours. Plus bas est Mercure, qui met un an, ou environ, à parcourir le zodiaque, et ne laisse jamais plus d’intervalle, que ce qu’il faut de place à une constellation entre le Il et lui, soit qu’il marche devant, ou après. La dernière des cinq planètes, et la plus proche la terre, est celle de Vénus. Avant le lever du soleil, on la nomme l’étoile du matin ; et après son coucher, l’étoile du soir. Il lui faut un an pour achever, comme les autres planètes, le tour du zodiaque, tant en latitude, qu’en longitude ; et il n’y a jamais du soleil à elle, soit qu’elle le précède ou qu’elle le suive, plus que ce qu’il faut d’espace pour deux constellations.

XXI. Or je ne puis concevoir dans les plates un ordre non interrompu de Soute éternité, un accord si juste parmi des mouvements si différents, à moins qu’il n’y oit de l’intelligence, de la raison, une fin méditée de concert. Et puisque tout cela est sensible dans les astres, nous ne saurions ne les mettre pas au rang des Dieux. À l’égard des étoiles qu’on appellerais, la régularité de leur mouvement journalier n’est pas moins une preuve de leur intelligence. Car il ne faut pas croire qu’elles se meuvent conjointement avec l’éther, ni qu’elles y soient attachées, comme le pensent beaucoup de gens qui ne savent point la physique. L’éther, qui est subtil, transparent, d’une chaleur toujours égale, ne paraît pas d’une nature propre à retenir les astres, ni à les entraîner violemment. Ainsi la sphère des étoiles fixes est à part : et leur cours perpétuel, avec son admirable et son incroyable constance, montre si clairement leur divinité, que, pour ne la pas voir, il faut n’être capable de rien voir. Concluons que dans le ciel rien ne marche au hasard et sans dessein. Il n’y a nul dérangement, nulle apparence qui trompe. Tout y est l’ordre, la vérité, la raison, la constance même. Vous n’avez au contraire rien de régulier, ni d’uniforme, dans ces météores qui se montrent au-dessous de la lune, la dernière de toutes les planètes, assez près de la terre. C’est par conséquent n’avoir pas soi-même la raison en partage, que de la refusera des astres dont l’ordre, dont la persévérance est quelque chose de si merveilleux, et à qui sont entièrement dues la conservation et la vie de tous les êtres. Je ne me tromperai donc point, à mon avis, en appuyant cette question sur un principe de celui qui est allé le plus loin dans la recherche de la vérité.

XXII. C’est Zénon. Il définit la nature, un feu artiste, qui procède méthodiquement à la génération. Car il croit que l’action de créer et d’engendrer appartient proprement à l’art ; et que ce que nos artisans font de la main est beaucoup plus adroitement fait par la nature, c’est