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DE LA NATURE DES DIEUX, LIV. II.

ment appris ce que font deux et deux : mais, occupé à juger de ce qui flattait le plus agréablement son palais, il n’a pas regardé le palais du ciel, ainsi que parle Ennius.

XIX. Puisqu’il y a, en effet, deux sortes d’astres ; les uns qui, tournant d’orient en occident, sans sortir de la même région du ciel, n’ont aucune variation dans leur cours, comme les étoiles fixes ; les autres, qui, allant et revenant continuellement d’un tropique à l’autre, forment de cette double variation un cours réglé, et toujours le même, comme le soleil et les planètes ; on ne saurait concevoir l’un et l’autre mouvement, qu’en donnant à l’univers une forme ronde, et en supposant qne les astres eux-mêmes sont ronds. Le soleil, qui est le premier de tous, se meut de telle sorte, qu’il éclaire alternativement une moitié de la terre, pendant qu’il laisse l’autre dans les ténèbres. C’est la terre elle-même qui, s’opposant au soleil par l’un de ses hémisphères, fait la nuit pour l’autre. La durée de toutes les nuits, prises ensemble, est égale à la durée de tous les jours d’une année. Le soleil, par les différents degrés de son obliquité, ou de sa direction, nous fait éprouver le froid et le chaud. Son circuit annuel est de trois cent soixante-cinq jours, et le quart d’un jour à peu près. Comme dans un temps il tourne vers le septentrion, et dans un autre vers le midi, cela forme les hivers et les étés, avec les deux saisons, dont l’une succède à la vieillesse de l’hiver, et l’autre à celle de l’été. Quatre saisons différentes, à quoi se doivent attribuer toutes les productions de la terre et de la mer. Chaque mois, la lune fournit la même carrière que le soleil dans une année. Elle nous cache d’autant plus sa partie éclairée, qu’elle est plus proche du soleil ; et elle ne nous paraît pleine que lorsqu’elle est vis-à-vis de lui, à l’autre extrémité du cercle. Non-seulement ses phases ou ses différentes formes changent dans son croissant et dans son décours, mais elle est tantôt du côté du septentrion, tantôt du côté du midi : et par là elle a en quelque sorte son été, son hiver, et ses solstices. Elle contribue fort par ses influences à ce que les fruits de la terre parviennent à leur maturité, et que les animaux puissent avoir de quoi se nourrir, croître, et prendre des forces.

XX. Rien n’est plus digne d’admiration que la marche des cinq étoiles appelées mal à propos errantes. Un tel nom ne convient pas à des astres qui de toute éternité s’avancent, rétrogradent, et ont chacun leur manière de se mouvoir, toujours certaine et déterminée. En quoi ceux-ci sont d’autant plus admirables, que tantôt ils se cachent, tantôt ils se découvrent ; tantôt s’approchent du soleil, tantôt s’en éloignent ; tantôt le précédent, tantôt le suivent ; ici vont plus vite là plus lentement ; quelquefois ne vont point, et s’arrêtent pour un peu de temps. C’est à cause de leurs mouvements inégaux que les mathématiciens ont appelé la grande année, celle où il arrive que le soleil, la lune, et les cinq planètes, après avoir fini chacun leurs cours, se retrouvent dans la même position respectivement. Il faut que cette année vienne : mais de savoir quand, c’est une grande question. La planète de Saturne, qui est la plus éloignée, de la terre, fait son cours à peu près dans l’espace de trente ans ; et son cours est accompagné de circonstances fort singulières. Car quelquefois elle avance, quelquefois elle re-