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des places fortes qui se trouvaient sur son passage, mais de tous les pays circonvoisins. D’où vient que ce triomphe a été pour le peuple romain le plus flatteur et le plus intéressant de tous ? C’est qu’il n’y a rien de plus doux que la victoire, et qu’il n’est pas de gage de victoire plus certain que de voir enfin chargés de chaînes et conduits au supplice (56) des ennemis qui souvent ont causé nos alarmes.

Pourquoi n’avez-vous pas suivi cet exemple ? Pourquoi ce pirate a-t-il été dérobé à tous les yeux, comme si l’on n’avait pu le regarder sans crime ? Pourquoi ne l’avez-vous pas fait exécuter ? Dans quel dessein l’avez-vous soustrait au supplice ? Avez-vous jamais entendu parler en Sicile d’un capitaine de pirates qu’on ait fait prisonnier, sans que sa tête soit tombée sous la hache ? Appuyez-vous d’une seule autorité ; citez un seul exemple. Sans doute vous le conserviez vivant pour en orner votre triomphe, pour qu’il précédât votre char ! En effet, après que vous aviez fait perdre au peuple romain une de ses plus belles flottes, après la désolation de votre province, il ne restait plus qu’à vous décerner le triomphe naval.

XXVII. Mais, je le veux, vous avez mieux aimé, par un usage tout nouveau, tenir dans les fers un chef de pirates, que de le livrer au supplice, à l’exemple de tous vos prédécesseurs. Mais dans quelle prison ? entre les mains de qui ? et de quelle manière a-t-il été gardé ? Vous avez tous entendu parler, juges, des Carrières de Syracuse (57) ; la plupart de vous les ont vues. C’est un vaste et magnifique ouvrage des rois et des tyrans. Elles ont été tout entières creusées dans le roc, à force de bras ; la