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vous de leur contribution ; et c’est là ce que je vous reproche. Ce n’est pas tout : pour rendre cette faveur à jamais durable (48), Verrès délibéra dans son conseil sur les droits des Mamertins, et, après avoir recueilli les opinions, il prononça que leur ville ne fournirait pas de blé.

Écoutez le décret de ce préteur mercenaire, tel qu’il est porté sur ses registres, et admirez-en la dignité dans la forme, et l’équité pour le fond. Greffier, lisez le journal de Verrès. Extrait Du Journal. « C’est volontiers, dit-il, que je fais cette remise ; » et il consigne ce mot. En effet, si vous n’aviez pas ajouté ce volontiers, nous aurions pu nous imaginer que c’était malgré vous que vous gagniez de l’argent. De l’avis de notre conseil. Vous avez entendu, juges, la liste des membres de ce conseil respectable. À mesure qu’on vous les nommait, n’avez-vous pas cru qu’il était question, non du conseil d’un préteur, mais des complices, mais de la bande du plus exécrable brigand ?

Voilà donc les interprètes des traités, les médiateurs des alliances, les garans de la sainteté des sermens ! Jamais il ne s’était fait aucun achat de blé en Sicile que les Mamertins n’y fussent compris pour leur contingent avant que Verrès ne se fût donné ce rare, ce merveilleux conseil, pour se faire autoriser à recevoir l’argent de cette ville, et à ne point démentir son caractère. Aussi son décret a-t-il eu toute la force et toute l’autorité que méritait la décision d’un homme qui avait vendu cette exemption à ceux dont il aurait dû acheter le blé. L. Metellus ne lui a pas plus tôt succédé, que, faisant revivre les édits de Sacerdos et de Peducéus, il a taxé les Mamertins conformément aux règlemens et aux registres de ces deux