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prédécesseurs n’avaient jamais manqué d’exiger des villes de la Sicile un vaisseau de guerre et un certain nombre de matelots et de soldats ; et vous n’avez rien exigé de la grande et opulente Messine. Combien les Mamertins vous ont-ils donné secrètement pour cette faveur ? On le verra dans la suite ; nous consulterons leurs registres et la déposition de leurs témoins. Mais le Cybée, ce beau, ce riche vaisseau, aussi grand qu’une trirème, construit publiquement aux frais de cette cité, à la vue de toute la Sicile, le magistrat et le sénat de Messine vous l’ont, je le soutiens, donné et livré en toute propriété. Ce navire, chargé des dépouilles de la Sicile, dont lui-même faisait partie, quitta la province en même temps que Verrès, et prit terre à Vélie (39). Il portait un grand nombre d’objets que le préteur n’avait pas voulu envoyer d’avance à Rome avec ses autres vols, parce que c’était ce qu’il avait de plus cher et de plus précieux. J’ai vu, il n’y a pas long-temps, ce navire dans le port de Vélie ; mille autres l’ont vu comme moi ; il est de la plus grande beauté et parfaitement équipé. Il semblait à tous ceux qui le regardaient, que, pour appareiller vers la terre d’exil, il n’attendait que le moment de la fuite de son maître.

XVIII. À cela quelle réponse allez-vous me faire, à moins de dire une chose que vous ne pourrez prouver, mais qu’il faut bien que vous alléguiez dans un procès de concussion : Que ce vaisseau a été construit à vos dépens ? Osez du moins le soutenir, puisque vous ne pouvez vous en dispenser. Et vous, Hortensius, n’appréhendez pas que je demande de quel droit un sénateur s’est permis de faire construire un vaisseau (40). Elles sont bien vieilles, et, pour me servir de votre expression,