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vos passions fougueuses et votre audace voudraient y porter atteinte. Telle a été votre conduite, que, poursuivi de toutes parts, il ne vous reste plus d’autre refuge que la guerre des esclaves ; mais déjà vous reconnaissez que cette guerre, bien loin d’être pour vous un moyen de défense, prête de plus fortes armes à votre accusateur ; à moins peut-être que vous ne citiez ces fugitifs qui furent les derniers restes de la guerre italique, et l’échauffourée de Temsa (35). La fortune, il est vrai, en les amenant près de cette ville, vous avait fourni une belle occasion d’étouffer le mal dans sa naissance, si vous aviez eu quelque courage et quelque activité ; mais tel on vous a toujours vu, tel vous fûtes encore dans cette circonstance.

XVI. Les députés de Valence (36) s’étant rendus auprès de vous, M. Marius, homme éloquent et d’une naissance distinguée, vous pria, au nom de ses concitoyens, de vous mettre à leur tête, en votre qualité de préteur et de général, pour exterminer cette poignée d’ennemis. Non-seulement vous n’eûtes aucun égard à. ses instances, mais vous restâtes sur le rivage, à la vue de tout le monde, avec cette Tertia que vous traîniez à votre suite. Quant aux députés de Valence, ce municipe illustre et respectable, qui venaient vous entretenir d’un objet si important, ils ne reçurent de vous aucune réponse ; vous n’avez pas même quitté, pour les recevoir, votre manteau ni votre tunique brune. Or, quelle idée, juges, pouvez-vous vous former de ce qu’il a pu faire et lors de son départ pour sa province, et pendant le séjour qu’il y a fait, quand vous le voyez, au moment de rentrer dans Rome, non point en triomphateur, mais en accusé, ne pas même éviter un scandale qui ne lui procurait aucun plaisir ?

Oh ! qu’ils furent bien inspirés par les dieux ces mur-