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ses longues nuits en débauches de toute espèce. Quand le printemps commençait, et pour lui cette saison ne s’annonçait point par le retour du zéphyr ou par le lever de quelque signe céleste ; ce n’était que lorsqu’il avait vu les roses s’épanouir que le printemps lui semblait commencer : alors il s’exposait à la fatigue, et dans ses marches il se montrait tellement actif, infatigable, que personne ne le rencontra jamais à cheval.

XI. À l’exemple des rois de Bithynie, mollement étendu dans une litière (17) à huit porteurs, il reposait sur des coussins d’étoffe transparente et remplis de roses de Malte. Une guirlande lui ceignait la tête, une autre se repliait autour de son cou. Un sachet à la main, il savourait le parfum des roses, qui s’exhalait à travers les mailles de ce léger tissu. Parvenu au terme de sa marche, lorsqu’il était arrivé dans une ville, cette même litière le déposait jusque dans sa chambre à coucher. Là se rendaient les magistrats de la province et les chevaliers romains, ainsi que beaucoup de témoins vous l’ont déclaré sur la foi du serment. On venait lui rapporter à huis clos les affaires en litige, et un instant après la sentence était rendue publique. Quand il avait passé quelques momens, non pas à rendre, mais à vendre la justice, il croyait que le reste du jour appartenait de droit à Vénus et à Bacchus.

Je ne dois pas, je pense, oublier une précaution singulièrement ingénieuse de ce grand capitaine. Sachez donc qu’il n’y avait en Sicile aucune des villes de guerre où les préteurs sont dans l’usage de séjourner et de tenir leurs assises, aucune absolument, dans laquelle quelque femme de bonne maison ne fût mise en réserve pour