les retracer, ne permettraient à personne de douter, Verrès, que, par votre cruauté envers les autres, vous vous êtes fermé dès long-temps tout accès à la commisération des juges.
IX. Oui, je vous fais grâce de tous ces détails : aussi bien je prévois ce que m’opposera Hortensius. Il avouera que ni la vieillesse du père, ni l’âge tendre du fils, ni les larmes de l’un et de l’autre, n’ont prévalu dans l’esprit de Verrès sur l’intérêt et le salut de sa province. Il dira que, sans la terreur et la sévérité, il est impossible de gouverner ; il demandera pourquoi les faisceaux sont portés devant les préteurs, pourquoi on leur a donné des haches, pourquoi l’on a bâti des prisons, pourquoi nos ancêtres ont décerné tant de supplices contre les coupables ? Lorsqu’il aura fait toutes ces questions d’une voix imposante et sévère, moi aussi je lui demanderai pourquoi ce même Apollonius a vu tout à coup, grâce au même Verrès, sans aucun nouvel incident, sans aucune justification, sans aucune procédure, arriver le moment de son élargissement ? xx Une telle conduite, je ne crains pas de l’affirmer, fait naître de si graves soupçons, que, renonçant à toute argumentation, je m’en rapporte à la sagacité des juges, pour qu’ils décident eux-mêmes combien ce nouveau genre de brigandage est criminel, infâme et révoltant, et quel champ vaste, quelle carrière immense il ouvre à la rapacité.
En effet, que de vexations n’a-t-il pas fait subir à Apollonius ? Quelques mots suffiront, juges, pour vous en donner une idée ; ensuite vous évaluerez ce qu’a dû produire à Verrès cet infâme trafic. Vous trouverez que tant d’iniquités n’ont été réunies contre un homme aussi riche que pour faire craindre à tous les autres le même traitement, et pour leur mettre sous les yeux les dangers