Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ai pas droit d’être rétabli ; mais si vous-même en avez été chassé, vous avez droit au rétablissement. Voyez, Pison, par combien d’endroits pèche votre défense. Faites attention d’abord que vous renoncez à l’argument par lequel vous prétendiez qu’on ne pouvait être chassé d’un lieu sans y avoir été. Maintenant vous convenez que le possesseur d’un lieu peut être chassé de ce lieu sans y être. Pourquoi, dans cette ordonnance relative à la violence ordinaire (60), d’où il m’a chassé violemment, ces mots, lorsque j’étais en possession, sont-ils ajoutés, si personne ne peut être chassé sans être en possession ? ou pourquoi, dans l’ordonnance, ces mots relatifs aux hommes armés ne sont-ils pas ajoutés, si l’on doit examiner si l’individu chassé était ou non possesseur ? Vous niez qu’on puisse être chassé sans être en possession ; et moi, je démontre que, si un individu a été chassé sans le secours d’une troupe rassemblée et armée, celui qui convient de l’avoir chassé a cause gagnée, s’il prouve que cet individu n’était pas en possession. Vous niez qu’on puisse être chassé sans être en possession ; et moi, je démontre, d’après l’ordonnance relative aux hommes armés, que, lors même qu’on prouverait que l’individu qui a été chassé n’était pas en possession, on n’en doit pas moins perdre son procès, si l’on convient de l’avoir chassé.

XXXII. L’expulsion a lieu de deux manières : l’une, sans rassemblement d’hommes armés ; l’autre, par un moyen ou une violence de cette nature. Deux ordonnances différentes ont été imaginées pour ces deux cas différens. Quand il s’agit de la violence ordinaire ou simulée, il ne suffit pas de pouvoir démontrer que l’on a été chassé, mais qu’on l’a été lorsqu’on était en possession ; il faut encore prouver