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lieu d’où il aurait été repoussé, non point sur la mer, mais dans sa ville, vers laquelle il se dirigeait. De même aussi, en nous aidant de la comparaison des choses pour fixer la valeur des mots, si quelqu’un, repoussé d’un lieu, demande à être rétabli dans le lieu d’où il a été chassé, il entend qu’on le rétablisse dans le lieu d’où il a été repoussé.

XXXI. Telle est la conséquence des mots, tels sont les sentimens, l’explication que la chose même rend nécessaires. En effet, Pison(pour revenir à ce que je disais en commençant), si quelqu’un escorté de gens armés vous eût violemment chassé de votre maison, que feriez-vous ? Vous solliciteriez sans doute contre lui l’ordonnance provisionnelle dont nous excipons. Si, en revenant de la place publique, vous trouviez des hommes armés qui vous fermassent l’entrée de votre maison, que feriez-vous ? Vous exciperiez de la même ordonnance. Le préteur ayant donc rendu une ordonnance portant que vous seriez rétabli dans le lieu d’où vous auriez été chassé, vous donneriez à cet acte la même interprétation que je lui donne, et dont l’évidence est frappante, puisque ce mot d’où, portant l’ordre de votre rétablissement, peut signifier également que vous devez être rétabli dans votre maison, qu’on vous ait chassé de l’intérieur ou seulement de l’entrée.

Mais que ce soit la chose ou les mots que vous preniez en considération, il n’est pour vous, magistrats, aucune raison d’hésiter à prononcer en notre faveur. Voyant tous leurs moyens ruinés, anéantis, nos adversaires en produisent d’autres. Le possesseur actuel, disent-ils, peut être chassé ; celui qui ne l’est pas ne peut l’être en aucune manière. En conséquence, si j’ai été chassé de votre maison, je