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le lieu d’où il aurait été chassé. Or, puisqu’il convient d’avoir chassé Cécina de quelque lieu, Ébutius soutient à tort que l’ordonnance ne lui est pas applicable, et il doit nécessairement perdre la somme consignée.

Eh bien ! Pison, vous plaît-il de me livrer un combat de mots ? vous plaît-il de fonder sur un mot une question de droit et d’équité, qui est la base de notre possession, et même de toutes les possessions en général ? J’ai fait connaître mon sentiment, les pratiques suivies par nos ancêtres, ce qui convenait à la dignité de nos juges ; j’ai montré qu’il était raisonnable, juste, utile pour tout le monde, de s’attacher à l’esprit et à l’intention, et non à la lettre d’un acte. Vous m’appelez à un combat de mots, je ne m’y rendrai pas sans avoir protesté contre cet appel. Je dis qu’on ne le doit pas, qu’on ne saurait le soutenir ; je dis qu’il n’est rien qui puisse être exprimé, statué, excepté suffisamment, si, à cause de l’omission et de l’ambiguité d’un mot, et malgré la connaissance qu’on a de la chose et de l’intention, on fait prévaloir le sens littéral sur la volonté du législateur.

XXIX. Maintenant que j’ai suffisamment protesté, j’accepte enfin le combat que vous me proposez. Je vous demande si Cécina a été chassé ou non de la terre de Fulcinius, puisque le préteur n’a pas ordonné son rétablissement dans cette terre, s’il en avait été chassé, mais dans celle d’où il l’aurait été : j’ai été chassé de la terre voisine, par où je voulais pénétrer au fonds en litige ; je l’ai été du chemin ; je l’ai été assurément d’un lieu quelconque, privé ou public : c’est là que l’on a ordonné de me rétablir. Vous soutenez que l’ordonnance du préteur ne vous est pas applicable (56). Voilà précisément ce que je nie. À cela qu’avez-vous à répondre ? Il faut