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notre défense de l’autorité d’Aquillius. Mais je ne puis comprendre comment vous pouvez parler contre nous tout en disant que nous invoquons pour nous son autorité, et qu’il est notre défenseur. Que dit donc cet Aquillius, notre appui ? Que l’on doit se conformer aux termes dans lesquels est conçu soit un acte, soit une sentence (55).

XXVIII. Ne puis-je donc citer parmi les jurisconsultes celui-là même d’après l’avis duquel nous intentons, dites-vous, cette action, et nous défendons notre cause ? Il discutait avec moi la question présente, savoir, s’il était vrai qu’on pût ne se prétendre chassé que d’un lieu où l’on se trouvait. Il convenait que le sens et l’esprit de l’ordonnance nous étaient favorables, mais qu’il n’en était pas de même de la lettre. Or, il était d’avis qu’on ne peut s’écarter de la lettre. Je lui citais des exemples nombreux, fondés sur des motifs d’équité, et prouvant que, dans plusieurs circonstances, on avait distingué des mots et de la lettre le droit et la justice, et qu’on avait toujours accordé beaucoup d’autorité à ce qui paraissait être le plus raisonnable et le plus juste en soi. Il me tranquillisa, en me faisant voir qu’il n’y avait rien dans cette cause qui dût m’inquiéter, et que la rédaction même de la consignation faite par les deux parties m’était favorable, si j’y faisais attention. — Comment cela ? lui dis-je. — Il est certain, me répliqua-t-il, que Cécina a été chassé d’un lieu quelconque par la violence de plusieurs hommes armés : s’il n’a pas été chassé du lieu où il voulait se rendre, il l’a été du moins de celui d’où il a pris la fuite. — Votre conclusion ? répliquai-je. — Le préteur, ajouta-t-il, a ordonné le rétablissement de Cécina dans le lieu d’où il a été chassé, c’est-à-dire quel que fût