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et que pour être chassé d’un lieu il faut y avoir laissé la trace de ses pas. C’est donc à vous de décider, magistrats, s’il vous paraît le plus utile de s’attacher à l’intention des lois, et de faire surtout prévaloir l’équité, ou bien de fausser le droit civil en torturant les mots et les syllabes.

Je me réjouis en ce moment de l’absence d’un jurisconsulte célèbre qui assistait naguère à l’audience, et qui a suivi tous les débats dans cette affaire. Je parle de C. Aquillius (54). S’il était présent, je serais moins hardi à parler de ses vertus, de ses lumières. Mes louanges blesseraient sa modestie, et moi-même je rougirais de le louer en face. Nos adversaires ont dit qu’on ne devait pas avoir trop de déférence pour son autorité. Pour moi, en parlant d’un tel homme, je crains d’aller au delà de ce que vous en pensez ou de ce que vous souhaitez d’en entendre. Ainsi je dirai qu’on ne saurait trop accorder d’autorité aux décisions d’un homme dont le peuple romain a reconnu l’habileté, non pas à inventer de vaines subtilités, mais des formules pour se précautionner contre elles ; qui jamais n’a séparé le droit de l’équité ; qui, depuis tant d’années, consacre assidûment au peuple romain son génie, ses travaux, ses vertus ; dont l’âme est si droite et si pure, que ses décisions semblent être plutôt inspirées par la nature que dictées par la science ; dont l’esprit est si étendu, si éclairé, que le droit civil paraît être la source, non-seulement de son savoir, mais de sa bonté même ; qui enfin est doué d’un génie si profond, d’une loyauté si sûre, que tout ce qui peut en émaner est d’une pureté, d’une limpidité admirable. J’ai donc, Pison, des actions de grâces à vous rendre quand vous dites que nous appuyons