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cher, et étant venu dans ce dessein, en fut empêché par des gens rassemblés ? En effet, s’il n’a pu exécuter le projet qu’il avait le plus à cœur, il faut, de toute nécessité, que quelque violence y ait mis obstacle, sinon dites-moi pourquoi il n’a point approché, bien qu’il en eût la volonté. Déjà vous ne pouvez plus nier qu’il n’y ait eu violence. Comment est-on chassé d’un lieu dont on n’a point approché, nous demande-t-on ? car il faut absolument, pour être chassé de quelque lieu, être déplacé, être repoussé ; or, comment concevoir l’expulsion d’un homme qui n’a point été dans le lieu dont il prétend avoir été chassé ? Mais s’il y avait été, dans ce lieu, et qu’il eût été forcé, par la terreur, par l’aspect de gens armés, à prendre la fuite, diriez-vous qu’il a été chassé ? Vous le diriez, je pense. Mais vous, qui, avec tant de finesse et de subtilité, jugez des contestations plutôt d’après les mots que d’après la raison, qui placez le droit dans de vaines paroles, et non dans l’utilité générale, direz-vous qu’on a été chassé, si l’on n’a pas été touché ? Quoi ! vous direz qu’on a été poussé dehors ! car telle est l’expression dont les préteurs, autrefois, se servaient ordinairement dans l’ordonnance dont je parle. Y pensez-vous ? peut-on être poussé dehors sans être touché ? ne faut-il pas, à ne s’attacher qu’au mot, convenir nécessairement qu’on ne peut considérer comme poussé dehors, que celui sur lequel on a porté la main ? Non, je le répète, à n’expliquer la chose que d’après le mot, on ne peut se faire l’idée d’un homme poussé hors d’un lieu, sans entendre qu’il en a été déplacé, rejeté par l’emploi de la violence et de la main. Le terme que l’ordonnance emploie signifie proprement jeté de haut en bas, précipité. Or, peut-on être précipité sans être jeté d’un lieu élevé dans