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établiriez pour nous, et dans quelle position elle vous placerait vous-mêmes avec tous les Romains ! Il n’est qu’une sorte d’action autorisée par l’ordonnance que nous avons suivie. Si cette action est nulle et de nul effet en notre affaire, quelle négligence et quelle irréflexion de la part de nos ancêtres d’avoir oublié d’établir une action pour un cas si grave, ou d’en avoir établi une qui, dans sa teneur, ne renfermerait pas toutes les variétés du cas ! L’annulation de l’ordonnance du préteur serait dangereuse. Ce serait une chose fatale à tous, qu’il y eût tel cas où les voies de droit ne pussent être opposées aux voies de fait. Mais voyez combien il serait inconvenant d’imputer une erreur si grave aux hommes les plus sages, et d’établir par votre arrêt qu’ils n’ont pas songé à établir d’ordonnance prétorienne ni d’action pour un cas si important, et d’imputer à nos ancêtres un si fol oubli d’une action si importante !

Permis à vous de vous plaindre, nous dit-on. Mais l’ordonnance du préteur n’est pas applicable à Ébutius : pourquoi ? Parce qu’aucune violence n’a été commise contre Cécina. Comment osez-vous dire qu’il n’y a pas eu de violence là où il y a eu des armes, une foule d’hommes réunis, armés, disposés, rangés comme en bataille ; où il y a eu des périls, des menaces, et tout l’effrayant appareil de la mort ? Mais, dit-on, il n’y a eu personne de tué, ni de blessé. Qu’entends-je ? À propos d’une contestation de propriété, d’un débat judiciaire entre particuliers, on soutiendra que nulle violence n’a eu lieu, si elle n’a été accompagnée de massacres et de meurtres ! Quant à moi, je soutiens que souvent des armées considérables ont été battues, forcées de fuir par la seule terreur, par le choc impétueux des ennemis,