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de ses appartemens, chassé, dis-je, par un rassemblement d’hommes armés, ne serait-il pour le préteur ni usages ni formalités à suivre à l’effet de venir à son secours ? Car, enfin, que dira-t-il, et que demanderez-vous en réparation d’une pareille injure ? Rédigerez-vous votre réclamation dans ces termes : Repoussé par la violence ? Jamais ordonnance ne fut conçue suivant cette formule ; elle est nouvelle, insolite, extraordinaire. Ou bien vous servirez-vous de cette autre formule : Chassé par la violence ? Mais qu’y gagnerez-vous, quand vos adversaires vous feront la réponse que vous me faites aujourd’hui : c’est-à-dire, que des gens armés vous ont empêché d’approcher de votre maison ; qu’ainsi l’on ne peut être chassé en aucune façon d’un lieu dont on n’a pas approché ?

C’est me chasser, dites-vous, que de chasser quelqu’un de mes gens. Fort bien raisonné. Maintenant vous quittez les mots, et rentrez dans le droit. En effet, si nous ne considérons que les mots, comment êtes-vous chassé, quand on chasse votre esclave ? Or ce que vous dites me semble juste ; et je dois vous tenir pour chassé, bien que vous n’ayez pas été touché : n’est-il pas vrai ? Continuons. Si aucun de vos gens n’a été écarté de votre maison, si tous y ont été gardés et retenus, si vous êtes le seul que la violence et la terreur des armes en aient repoussé, aurez-vous l’action que nous avons suivie ? En aurez-vous quelque autre, ou point du tout ? Siéra-t-il à un homme sage, éclairé comme vous, de dire qu’il n’en existe point pour un fait si odieux, si atroce ? Si par hasard il est une autre sorte d’action que nous ignorions, veuillez nous la faire connaître ; je l’apprendrai avec plaisir. Si c’est celle que nous avons suivie, le gain de notre cause est infaillible, d’après le jugement même que